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Carnets
sur la route d'Asie |
[9]
L’Empire du Soleil Levant |
par
Nicolas
Lenoir |
« Il
est très stressé, il travaille trop, le pauvre !! »
disent compatissants ses collègues et amis devant le
spectacle dun cadre japonais saoul dune
soirée trop arrosée à la Sapporo et au sake. Les Japonais
travaillent énormément, passent de longues heures dans
les transports en commun. Lalcool est pour eux
un exutoire.
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Javais
la chance dêtre hébergé à Tokyo par Guillaume
qui, en parfait japonais quil devient davantage
chaque jour, ma réservé un excellent accueil.
Faute
de temps et surtout dargent, je nai passé
quune semaine au Japon mais lexpérience
nen a pas été pour le moins fascinante. Le Japon
cest un peu lanti-Chine, les conditions
dhygiène y sont incroyables. Par exemple, les
toilettes y sont très high-tech, sur la droite du siège
se trouve un tableau de commande qui permet de régler
la force et la chaleur dun jet deau. On
est loin des toilettes chinoises !!
Le
Japon cest le pays des bonnes manières et de la
courbette. On ne peut pas acheter un billet de métro
ou payer une addition de restaurant sans avoir droit
à nombres courbettes. Les Japonais très prévenants ne
bousculent jamais, les femmes sont habillées dune
manière très sophistiquées. On croise quelques Geishas
dans la rue. Le contraste est parfois saisissant de
ce Japon traditionnel qui se mêle au monde moderne.
Ainsi jai vu une femme en kimono et le visage
maquillé en blanc se mêler dans la file dattente
dun des nombreux McDonalds. Témoignage du
civisme japonais leur comportement lorsquils ont
un papier sale dans la main : 1-ils cherchent une
poubelle 2-mais comme celles-ci sont souvent pleines
ou absentes et quils se refusent à jeter un papier
à terre dans la rue 3-ils jettent ce papier dans les
paniers des nombreux vélos garés sur les trottoirs.
Hypocrisie ou civisme ?
Tokyo
ne ressemble pas à ce que je mimaginai. Ce nest
ni HongKong, ni New York mais plutôt une ville très
étendue, à larchitecture moderne, composée de
plusieurs centres, mais sans trop de gratte-ciel. Si
je devais la comparer à une autre ville, ce serait à
Los Angeles. Une caractéristique particulière très étonnante :
la multiplication de distributeurs automatiques de boissons
(vending machines) : on trouve de tout : des
boissons chaudes ou froides, du thé, du café, des boissons
énergétiques, de leau. A tous les coins de rues,
il y a un distributeur automatique.
Pour
la deuxième puissance économique mondiale, les Japonais
sont peu ouverts sur le monde. La vue dun étranger
reste peu banale et surtout les Japonais parlent très
mal langlais. Etant au Japon, je me disais que
cétait un peu gonflé pour une si grande puissance
économique de parler si mal langlais. Mais en
y réfléchissant, jai réalisé que la majorité des
gens avec qui javais eu des contacts sont les
chauffeurs de taxi, les restaurateurs, les vendeurs
de tickets de métro
finalement les touristes qui
viennent en France doivent avoir la même opinion à propos
du niveau danglais de la quatrième puissance économique
mondiale. Ce nest ni à la RATP, ni dans les taxis
que le niveau danglais est le meilleur
.
Jétais
à Tokyo au moment de la Golden Week, qui est LA semaine
de vacances annuelle des Japonais. A cette époque, tout
le Japon se déplace à lintérieur ou à létranger.
Cest au retour que le taux de suicide est le plus
fort devant la perspective de devoir encore travailler
toute une année avant les prochaines vacances !!
Plus
de 120 millions dhabitant pour 330 000 km2, soit
les 2/3 de la France, inutile de préciser que le Japon,
et plus encore Tokyo, est surpeuplé. Les rues sont bondées.
Jai assisté à une exposition temporaire sur le
thème Picasso et les enfants, il y avait tellement de
monde dans le musée dArt Moderne que les visiteurs
marchaient à la queue leu leu, se succédant seconde
après seconde devant chaque tableau. Pas un resquilleur !!
Pas un resquilleur dans le métro non plus.
La
ville étant très étendue, les Japonais passent de longues
heures dans les transports en commun (très efficaces)
car ils habitent généralement loin des centres daffaires
aux loyers hors de prix -les prix sont dailleurs
sont doute élevés car la ville sest développée
en longueur et non en hauteur-. Comme pour les Chinois,
la conséquence cest quon voit les Japonais
dormir très souvent dans les trains, métros, bus mais
pas sur leurs lieux de travail comme en Chine.
Dès
la nuit tombée, Tokyo brille de mille feux, les panneaux
lumineux très nombreux scintillent. New York et Time
Square font pale figure à coté de Tokyo. La night live
prend ses droits, les bars à sake, à bière se remplissent.
Les bars ne sont pas grands, cest toujours le
même problème du manque de place à Tokyo. 3 tabourets
autour dun zinc font un bar. De nombreux clubs
ou bars sont interdits aux européens
Les
jeunes japonaises sont déconcertantes. Elles se donnent
toutes rendez-vous le samedi après-midi devant un grand
parc. Cest une sorte de carnaval permanent, elles
se déguisent toutes en infirmières, beatniks, ou autres
extravaganza. Ces jeunes avec leurs semelles compensées
et leurs habits noirs gothiques se veulent anti-conformistes.
Et ils pensent protester ainsi par leurs extravagances
vestimentaires contre le conformisme de la société japonaise.
Pourtant à tous se déguiser de même, je trouve quils
ont crée une nouvelle forme de conformisme.
Les
boites de nuit sont également surprenantes, dans lune
delle, du balcon on surplombe la piste de danse.
Est-ce pour prévenir les velléités kamikazes quun
filet a été posé au-dessus de la piste ?
Visitant
un des quartiers centraux, un arrêt simpose au
Sony Building doù je me risque à essayer la toute
nouvelle PlayStation 2. Pas mal du tout. De toute façon,
le Japon cest le pays du gadget électronique :
montre G-Shock avec lecteur de DVD intégré ou lecteur
MP3, DVD portable à regarder dans le métro, et pleins
dautres gadgets testés sur leur marché domestique
par Casio, Sharp et Sony et qui ne franchiront jamais
la mer de Chine faute de marché.
Les
occidentaux ne comprennent pas les Japonais. Le succès
du livre Stupeurs et Tremblements le prouve. Comment
peut-on ériger une personne qui a fait un stage de 6
mois dans une entreprise japonaise en spécialiste es
culture nippone ? Si ce nest pas une preuve
que loccident ne comprend rien au Japon me disent
quelques expatriés que je rencontre. Une preuve de lincompréhension :
le masque que portent les Japonais sur le visage. Contrairement
à ce que je croyais, ils ne le portent pas car ils trouvent
Paris ou Tokyo trop pollué mais parce quils sont
malades (rhume par exemple) et craignent de contaminer
les autres
Cest de bien plus dune semaine quil
me faudrait pour commencer à entre-apercevoir la complexité
de la culture japonaise
mais mon voyage touche
à sa fin et il me faut à contre-cur y mettre un
terme.
Jentreprends la route du retour via Los Angeles
et New York ce qui me permettra de pouvoir dire dans
les soirées mondaines cet hiver que jai fait le
TOUR DU MONDE.
A Los Angeles, je retrouve le monde occidental, le matérialisme
californiens aux antipodes de la spiritualité asiatique.
Los Angeles cest encore et toujours la capitale
mondiale du paraître. Les palmiers y sont toujours aussi
beau, le climat incroyable, les voitures encore plus
belles (la croissance américaine est bien visible).
Et surtout, les bimbos blondes décolorées aux seins
siliconées nont pas déserté Malibu beach, les
serveurs des restaurants sont toujours des acteurs qui
attendent le rôle de leur vie, dans dautres restaurants
de jeunes français exilés et illégaux travaillent comme
des forçats pour essayer de gagner leur part du rêve
américain. « Je suis là pour gagner de la tune
pas pour bronzer ou dormir » me confie Toufik,
un jeune beur titulaire dun BTS de comptabilité
qui me dit mieux vivre et être davantage respecté en
étant serveur à LA plutôt quà passer dagence
dintérim à agences intérim comme il le faisait
en France.
Cest
en atterrissant à New York, que jai la plus grosse
frayeur de mon voyage. Alors que lavion est sur
le point de se poser au sol, une bourrasque de vent
nous fait partir sur le coté et cest de justesse
que le pilote évite que laile droite ne touche
le sol. Finalement le pilote réussit à stabiliser lappareil
et nous atterrissons entier. Lémotion a été de
courte durée mais assez forte pour que la cabine retentisse
des cris des passagers effrayés.
New
York que je retrouve avec plaisir après un an dabsence
na guère changé : argent et réussite professionnelle
y sont toujours les devises gouvernantes ce qui nempêche
pas la ville davoir toujours autant de caractère
et de cachet. Fidel à ma tradition, au retour dune
soirée un peu trop arrosée je mendors dans le
métro et me réveille au petit matin à Jamaïca, Queens
Tous
les voyageurs passés par Roissy seront daccord
avec moi. Larrivée à Roissy est toujours désastreuse,
il y règne une confusion générale provoquée par le manque
total dorganisation de la police des frontières,
les bagages mettent des heures à arriver. Je ne métais
pas préparé à cet accueil de la bureaucratie française
et devant la foule qui se massait devant le seul policier
de service à cette heure, devant cette cohue qui me
rappelait les pires attentes dans les gares indiennes,
javoue quun instant lenvie de repartir
dans lautre sens ma effleurée
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