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Carnets
sur la route d'Asie |
[5]
L'Asie des Rizières |
par
Nicolas
Lenoir |
Après
avoir passe quasiment deux mois sur le sous-continent
indien (Népal et Inde), l'arrivée en Thaïlande
est presque un choc culturel. L'avion de la Thai part
à l'heure, le service à bord est impeccable,
le personnel de bord est même souriant !! Arrive
à Bangkok, c'est l'apothéose ! Un superbe
aéroport, climatisé (et dont la clim fonctionne),
des formalités douanières et policières
expediées à une vitesse dont j'avais perdu
l'habitude, des bagages aussitôt livres.
A la sortie, je ne suis même pas assailli par
des rabatteurs en tout genre qui cherchent à
me fourguer 'taxi', 'cheap hotel' ou leur belle-sœur.
Je suis même presque déçu de passer
autant inaperçu, j'en avais perdu l'habitude.
J'opte pour le bus, a ma surprise le prix est fixe,
même pas besoin de négocier, et il est
climatise !! C'est en sortant de l'aéroport,
en voyant un énorme panneau d'affichage aux couleurs
de Lucent que j'en ai alors la certitude : "I am back
to Civilization".
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Thaïlande
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Bangkok
est une ville hyper moderne (bien plus moderne que Paris
ou New York) avec de superbes gratte-ciel, un métro
aérien flambant neuf (construit par Siemens)
d'une performance remarquable, la ville est d'une propreté
impeccable, et comparée à Calcutta me
semble très peu polluée. Bref quel contraste
par rapport à l'Inde !! Uncle Sam est définitivement
passe par la Thaïlande et il y a semé nombre
de McDonald's, Pizza Hut, KFC et même des Seven
Eleven. Bangkok me rappelle un peu Seattle on y trouve
autant de Starbucks café, et dans les deux villes
les populations d'origine asiatique sont majoritaires.
On trouve tout à Bangkok. Au week-end market,
un marché gigantesque qui n'a lieu que le week-end
et on trouve tout : des poissons pour aquarium aux faux
Levi's et Polo Ralph Lauren, j'ai eu la surprise de
trouver au département des souvenirs des statues
africaines en grande quantité. Ma conclusion
(polémique) est la suivante : les soi-disant
statues africaines que l'on trouve sur les trottoirs
de Dakar ou dans les boutiques africaines de Paris sont
"made in Thailand" en production de masse.
Alors que ses voisins tombaient au XIX siècle,
sous le joug des colonialismes français, anglais
et hollandais, la Thaïlande a toujours su habilement
manœuvrer les grandes puissances occidentales et a pu
ainsi maintenir son indépendance... pourtant
on pourrait parfois croire que c'est une ancienne colonie
allemande à en voir le nombre de teutons que
l'on croise, et les nombreuses offres de " Frustuck"
et " Bratwurst mit Brot" !!
La société Thai est très ouverte
et permissive a condition de respecter 2 tabous : la
royaute et le bouddhisme Le roi est ici vénéré
par tous, sa photo géante trône à
chaque carrefour, sur chaque building, le long des grandes
avenues. Au cinéma, avant la projection, l'hymne
national Thai résonne dans la salle et les photos
de la famille royale apparaissent à l'écran,
gare aux "farangs" (les étrangers blancs) qui
ne se lèveraient pas !!!
Chaque homme Thai doit pour quelque temps (15 jours,
1, 3 mois ou plus) devenir moine pour se consacrer a
l'étude du Bouddhisme et du Sanscrit. On n'imagine
pas pendre la crémaillère dans une nouvelle
maison sans inviter les moines afin qu'ils bannissent
la nouvelle demeure et en expulsent les mauvais esprits.
Les Thai sont d'un contact très facile et apprécient
volontiers la fréquentation des occidentaux (et
ce, pas seulement sur les trottoirs de Patpong), ils
se proposent volontiers de faire découvrir leur
pays : d'aucune de m'avoir fait découvrir les
vestiges d'Ayyatuya, l'ancienne capitale Siamaise détruite
par les Burmans, un autre de m'avoir invite à
Ko Samet, une ile superbe, bénie des dieux, a
l'eau transparente, au sable blanc et fin, aux cocotiers
resplendissants, et ou le 20 janvier, il faisait 28
degrés à l'ombre !!
J'ai mis fin à mon régime végétarien
car les Thai sont définitivement carnivores,
les satay sont décevants et la nourriture Thai
réserve quelques surprises (outre le fait qu'elle
est très épicée). J'ai mangé
des soupes que l'on m'a affirmé être au
poulet ou au porc ce dont je doute encore (je penche
plutôt pour le chat ou le rat), mais j'avoue n'avoir
pas pu avalé sauterelles, vers, cafards, et scarabées
grillés qui sont pourtant des mets particulièrement
appréciés ici. En quittant l'Inde, j'en
avais marre du riz, c'est toujours le cas mais j'ai
ajouté également à ma liste des
plats dont je sature, les nouilles chinoises. J'ai par
contre mangé en Thaïlande des mangues extraordinaires.
Tous ces peuples d'Asie du Sud Est considèrent
que leur peau est non pas "jaune" comme on le dit en
Europe mais noire, et ils n'ont de cesse, notamment
les femmes, de blanchir cette peau pour tous les moyens
: savon blanchissant, poudre pour blanchir le visage,
poudre pour blanchir la peau des bébés
et elles évitent le contact avec le soleil au
maximum. Ainsi va le monde a l'envers : Les Thai à
la peau mat cherchent par tous les moyens à la
blanchir alors que les occidentaux cherchent à
bronzer à tout prix.
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Cambodge
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Soucieux
de continuer ma petite investigation commencée
a Pondichéry sur les restes de la présence
française en Asie, je décide de me rendre
au Cambodge.
La Thaïlande n'est certes pas un modèle
de démocratie : coups et contre-coups s'y sont
succédés, mais, par rapport à ses
voisins, elle fait figure de modèle de stabilité
politique. Relativement épargnée par la
colonisation, et la guerre du Vietnam (sauf sur ses
régions frontalières), la prospérité
économique en est sans aucun doute une conséquence.
Le Cambodge est malheureusement un témoignage
poignant du contraire.
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La
Guerre, le Génocide, La Guérilla ont marqué
le pays. J'ai lu dans un vieux livre que Phnom Pen était
alors considérée comme la plus belle ville
de l'Indochine française, c'est aujourd'hui difficile
à croire. 1 Heure et demi d'avion sépare
Bangkok et Phnom Pen mais il faudra encore de nombreuses
années au Cambodge pour panser ses plaies et
égaler le niveau de développement Thai.
L'arrivée à Phnom Pen de nuit est folklorique.
Arrive à 21 heures, le bureau de change est déjà
fermé. L'obtention d'un visa à l'arrivée
est digne de Kafka, une rangée de fonctionnaires
étoilés et décorés, armés
soit de registres soit de tampons se succèdent
alignés. Je donne mon passeport au premier et
le passeport passe ainsi de main en main au septième
qui me montre un tampon et m'en demande vingt dollars.
Le visa est systématiquement accordé,
rien n'est vérifié. Au moins au Cambodge
c'est officiel, le visa ne sert à rien d'autre
qu'à soutirer un peu de devises étrangères
aux touristes.
Le minuscule aéroport désert débouche
sur un terrain vague où attendent 1 taxi et quelques
motos. J'opte finalement pour la moto taxi (amusant
et peu dangereux vu la faiblesse du trafic -si les rares
voitures ne grillaient pas systématiquement tous
les feux rouges !). La règle semble être
la même partout en Asie : priorité au véhicule
le plus gros, pas de pitié pour les piétons
! Au bout de 20 minutes, me voici déjà
au centre de Phnom Pen mais les rues y sont désertes
(tout le contraire de Bangkok) comme si le couvre-feu
planait encore sur la ville, on n'efface pas facilement
20 ans de guerre civile.
La ville est ceci dit fort agréable, au bord
de la rivière se trouvent de nombreux cafés
et restaurants (surtout français) dont le fameux
Foreign Correspondent Club, un café à
l'ambiance coloniale surannée avec d'énormes
fauteuils en cuir, de hauts plafonds, de gros ventilateurs
aux pales en bois, des meubles en bambous, et des murs
peints dans un jaune chaleureux et très colonial,
très apprécié par les lézards
que l'on trouve en grand nombre sur ces murs. Le FCC
domine la rivière et un lieu inégalé
pour y apprécier le coucher de soleil.
L'influence française est très visible
a Phnom Pen. Outre le fait que l'on y trouve baguettes
et vache qui rit, que les (rares) personnes âgées
(encore en vie) parlent le Français, on peut
également y fumer des cigarettes " Alain Delon"
fabriquées par la SEITA, "the taste of France"
nous dit la publicité. Et oh folie j'ai même
pu y déguster un couscous royal !!
Fin janvier a Phnom Pen, c'est déjà la
fin de la saison sèche, orages tropicaux violents
le soir (c'est la première fois que je vois la
pluie depuis mon départ fin novembre), atmosphère
chargée d'humidité qui rend poisseux toute
la journée.
Mais passer cette façade, on se rend vite compte
du très grand nombre de mendiants et surtout
de malheureux mutilés notamment unijambistes,
probablement victime des mines dont le sol du Cambodge
regorge encore, dernier cadeau des Khmers rouges au
peuple cambodgien.
L'essentiel des temples bouddhistes et monuments historiques
ayant été détruits par les Khmers
rouges , les principales curiosités touristiques
de Phnom Pen sont les Killing Fields et la prison S21
(Tuol Sleng Museum), un centre de détention et
de torture. Impossible ici de décrire cette visite
morbide, ni l'émotion ressentie devant les photos
de ces milliers de victimes (hommes, femmes, enfants,
bébés) et de leurs cranes déterrés.
Les mots ne peuvent exprimer l'émotion, la consternation
et la colère que j'ai ressenties face à
cette barbarie qui n'a d'égale que les crimes
nazis et staliniens.
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Au
pouvoir de 75 à 79, Pol Pot, éduqué
en France !, voulait faire table rase du passe et instituer
une société autarcique, autosuffisante,
sans élite, où la population aurait pour
seule fonction celle de produire du riz (d'où suppression
de la monnaie (devenue inutile), déportation forcée
des populations des villes vers les campagnes, extermination
systématiques des 'élites', mariage interdit
sans consentement préalable du parti, encadrement
constant des masses). Porter des lunettes ou parler une
langue étrangère était synonyme de
mort. C'est une maigre consolation que de se rendre compte
que tout cela a échoué. Phnom Pen même
marquée, revit, accueille des touristes étrangers
de plus en plus nombreux, les jeunes parlent des langues
étrangères (surtout l'anglais).
Je suis allé visiter le centre culturel français
et c'est une merveille du genre : un centre très
bien fait, une superbe bibliothèque, et surtout
un centre très fréquenté par de nombreux
jeunes Khmers qui témoignent ainsi par leur soif
d'apprendre que la barbarie a échoué.
Ironie de l'histoire, faute de monnaie nationale sous
Pol-Pot, le dollar américain est devenu de fait
la monnaie la plus utilisée au Cambodge !! Le roi
Sihanouk (on peut visiter une partie de son palais a Phnom
Pen mais cela n'a absolument aucun intérêt)
a eu toujours eu une attitude on ne peut plus ambiguë
par rapport aux Khmers Rouges et pourtant la population
l'adore. L'Asie demeure parfois un mystère impénétrable...
Le gouvernement est en train d'installer des passages
cloutés à Phnom Pen. Séduit par l'initiative
qui redonne enfin quelques droits aux piétons,
je profite de l'occasion pour demander aux chauffeurs
de taxi-moto dont j'utilise les services ce qu'ils en
pensent. A ma grande surprise, je constate qu’aucun d'entre
eux n'a pas la moindre idée de l'utilité
de la chose. Et pis, lorsque je leur en explique le principe,
ils se mettent unaniment à rire en m'affirmant
que cela ne marchera jamais !! Ainsi va la vie à
Phnom Pen.
Pour me rendre à Angkor, j'opte pour le bateau
rapide. Sur le papier cela semble très alléchant
: remonté de la rivière jusqu'à Angkor
en 6 heures (contre 12 en bus) avec au passage un certain
nombre de villages flottants à découvrir.
Malheureusement, le bateau rapide est 1. pleins de touristes,
2. équipé d'un moteur de type tondeuse a
gazon qui fait un bruit assourdissant (même avec
le port de mes boules Quies c'est insupportable). Quant
aux habitants des villages flottants, ils doivent haïr
ces bateaux qui troublent leur quiétude en passant
à toute allure et créant des remous. Ceci
dit ces villages sont extraordinaires : des maisons de
bois et de bambous construit sur des pirogues : 300 à
400 maisons bateaux forment ainsi un village avec son
épicerie flottante, son marché, ses ateliers...
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Les maisons khmères traditionnelles des campagnes
sont toutes construites en bois et sur pilotis afin
d'éviter les inondations au temps de la mousson.
Ces maisons sont bâties au bord des rizières
dont le vert tendre est éclatant et offrent des
paysages magnifiques. Le travail aux champs se fait
encore beaucoup manuellement et c'est grande beauté
que de voir ces scènes champêtres où
hommes, femmes et enfants vêtus de leurs sarongs
et du chapeau traditionnel en bambous tressés
se livrent paisiblement au travail dans les rizières
Ces rizières j'ai pu les apprécier longuement,
car la moto qui me ramenait d'Angkor pour prendre le
bateau est soudainement tombée en rade, en pleine
campagne et il s'en est fallu de peu que je rate le
bateau du retour (un par jour) et me retrouve coincé
au milieu de ces rizières.
Inutile de décrire ici les fabuleux temples Angkoriens
tout a été dit ou écrit sur le
sujet par des gens bien plus qualifiés que moi
: c'est superbe. Des temples magnifiques qui se dressent
au milieu de la jungle. Le site est très vaste
et on le visite en moto-taxi, J'y ai passé trois
jours et cela les vaut bien. Bien sur avec les mines
et les serpents, je n'osais même pas m'éloigner
du sentier principal pour faire pipi !!
Le site est très protégé par la
police et l'armée afin d'y prévenir le
pillage des temples (pour le compte des collectionneurs
d'art voire même des musées occidentaux).
Le plus célèbre pilleur des temples Angkorien
est un certain André Malraux, enterré
au Panthéon, qui s'illustra dans les années
30 par un pillage massif (il fut arrêté
en possession de nombreuses statues).
Je doute cependant de l'efficacité de la police
khmère étant donné que le visiteur
ne peut pas faire trois pas dans chaque temple sans
voir un policier qui propose de lui vendre son badge,
ou son couteau... si les policiers sont aussi vifs à
proposer les trésors qu'ils sont supposés
garder, il vaut mieux visiter Angkor rapidement avant
qu'il n'y reste plus rien.
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haut |
Laos
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Ventiane
est une ville pleine de charme. Difficile de croire
cependant que c'est une capitale vue la rapidité
avec laquelle on en fait le tour (elle compte 133,000
habitants, 260,0000 avec son agglomération).
Mais le Palais Présidentiel et la présence
de quelques Ambassades attestent de son rang de capitale.
A ce titre, la présence de l'Ambassade du Vietnam
"coincée" entre le Ministère des Affaires
Etrangères et le Palais Présidentiel laisse
planer peu de doute sur la main-mise politique du pays
par son puissant voisin.
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Seules quelques artères principales sont goudronnées,
ce qui rend la ville fort agréable à visiter
à vélo. La circulation est quasiment inexistante
hormis quelques motos, et camions. Quand je pense que
mon frère m'avait mis en garde contre la pollution
de la ville, je lui conseille d'éviter les villes
indiennes si c'est pour lui ça la pollution.
!!
Les Laotiens sont d'une gentillesse extrême à
la limite de la nonchalance et qui n'a égale
que leur lenteur. A la sortie de l'aéroport,
quelques chauffeurs de taxi se proposent sans bousculade
de nous conduire en ville. Interrogés sur le
prix, ils se concertent, et proposent timidement, l'air
gêné, un prix de 5$. A voir leur mine coupable
(ils n'ont pas encore bien l'habitude d'arnaquer les
touristes, ils devraient aller faire des stages en Ind
se décider à nous prendre. Alors qu'en
Inde ou au Cambodge, une fois le prix conclu, les taxis
se jetaient sur mes bagages de crainte de me voir filer
avec un concurrent, on dirait qu'au Laos c'est le contraire.
Il semblerait qu'aucun chauffeur ne veuille prendre
la course de crainte d'offenser ses collègues.
Finalement, nouvelles concertations, grands sourires
et l'un d'eux est finalement collégialement désigné.
Très gentil, il réussit quand même
l'exploit unique de se perdre dans la ville qui doit
être plus petite que n'importe quelle sous-préfecture
française et qui compte à tout casser
une dizaine d'hôtels !
Comme au Cambodge, la monnaie locale, le Kip ne vaut
rien (1 dollar vaut 7500 kips) et l'on se retrouve rapidement
le portefeuille bourré de liasse de billets (le
billet le plus gros vaut 5000 kips). La moindre bouteille
d'eau vaut 1000 kips et pour les achats à peine
plus élevés, les Lao préfèrent
le roi dollar ou le bath thaï. Ceci crée
ainsi parfois des situations amusantes : on peut dans
un restaurant avoir une addition présentée
en dollar que l'on peut choisir de payer en Bath et
pour laquelle la monnaie sera rendue en Kip!!
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Ventiane
offre à visiter quelques temples intéressants
: recouverts de feuilles d'or ces temples brillent de
tous leurs feux quand le soleil est haut et dégagent
une lumière chaude et chaleureuse au coucher. Ces
temples ne sont cependant pas bien vieux car le pays a
été maintes fois mis à sac, notamment
par les Thai qui se donnèrent à chaque fois
malin plaisir à réduire les temples en poussière.
Quelques bâtiments coloniaux construits par les
Français demeurent, mais en devine à les
voir que le Laos ne fut jamais une priorité et
que la ville ne connut sous les Français jamais
le faste de Pondichéry, Hanoi ou Phnom Pen. Le
manque intérêt des français pour leur
protectorat se manifeste également dans le réseau
routier. Alors qu'au Vietnam et Cambodge, de superbes
voies de communication étaient construites, le
Laos lui n'a hérité que d'une misérable
route (la coloniale numéro 3) dont le goudronnage
vient à peine être achevé.
Mais au moins comme à Phnom Pen, les Français
ont laissé au Laos une tradition de cafés
et de bons restaurant qui donnent à la ville une
atmosphère très paisible et reposante. On
prend plaisir à se poser à la terrasse d'un
café, à prendre le soleil, un peu plus loin
coule le Mékong. On rencontre de nombreuses personnes
(notamment des personnes âgées) qui parlent
français, beaucoup plus qu'au Cambodge (l'épuration
des Khmers rouges n'est pas passée par-là).
Les Lao donnent une place très importante à
la religion et les moines bouddhistes, aux cranes rasés,
jeunes et moins jeunes, drapés dans leurs tuniques
oranges sont légions. On les voit le matin entre
5 et 7 heures en file indienne, leur gamelle à
la main, collecter la nourriture que les fidèles
leur offrent pieusement. Les moines ne travaillent pas,
se consacrent à l'étude et la prière,
ne disposent d'aucuns revenus et sont nourris charitablement
par les fidèles. Les moines ne doivent jamais toucher
une femme et leurs lèvres ne peuvent pas toucher
ce qui a été touche précédemment
par des lèvres impures (ainsi en proposant une
rasade de ma bouteille d'eau à un moine qui me
semblait assoiffé ai-je commis un sacrilège).
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Les
Lao sont très croyants. Alors que discutant avec
une jeune laotienne passionnée par la France et
parlant un petit peu le français, je lui demandais
si elle comptait se rendre en France prochainement, à
ma grande surprise je l'entendis me répondre "non
certainement pas pendant cette vie, mais dans une autre
vie j'espère bien !!". Le gouvernement l'affirme
"bouddhisme et communisme font bon ménage".
La route entre Ventiane et Luang Prabang est réputée
dangereuse car dans le passé (encore récent)
des rebelles aimaient à y faire des embuscades,
cependant depuis le goudronnage récent de la route
et le renforcement de la présence militaire au
niveau de Kasi, la route est bien plus fiable, je n'y
ai constaté aucun signe d'activité subversive.
Les horaires des bus au Laos sont INDICATIFS. En fait,
les bus partent dès qu'ils sont pleins et vu que
le gouvernement semble se plaire à gérer
la pénurie ils sont rapidement pleins. Pleins au
Laos voulant dire : tous les sièges occupés
mais également la rangée du milieu dans
laquelle on a rajouté des tabourets. Le trajet
entre Luang Prabang et Ventiane dure une dizaine d'heures,
il vaut mieux arriver bien en avance, j'ai fait l'aller
sur un tabouret au milieu du bus, je sais de quoi je parle.
Ainsi au retour, le bus dont le départ était
annoncé pour 6H30 le matin fut plein a 5H45 et
parti à 5H50. L'ambiance dans le bus est très
chaleureuse, rapidement les Laotiens sortent le whisky
lao et en offrent la tournée. Je préfère
m'abstenir vu les virages de la route.
Luang Prabang, ancienne capitale royale, est une ville
charmante, très reposante, où l'on peut
y apprécier la splendeur du Mékong et de
nombreuses vieilles demeures coloniales et temples. Classée
au Patrimoine Mondial de l'Unesco la ville ne manque pas
de charmes.
A Luang Prabang, on peut notamment visiter le palais royal.
Le roi y demeurait jusqu'à la révolution
de 1975, la salle du trône y est impressionnante
mais les appartements privés beaucoup moins : la
chambre du roi et de la reine ne sont pas vraiment fidèles
à l'image que je me faisais des fastes de la monarchie.
Les chambres sont certes hautes de plafond mais le mobilier-
peu nombreux - est d'une banalité attristante,
les murs sont blancs et tristes, les fenêtres ne
donnent pas sur l'extérieur et le joli jardin.
On se croirait dans une grande chambre d'hotel d'un deux
étoiles décrépi. C'est loin être
Versailles. Et dire que les Laotiens ont laissé,
après la révolution, mourir leur roi de
privation de soins et de nourriture dans une cave au Nord
du pays pour le punir de ses abus, cela peut sembler bien
exagéré !!
Le Laos offre des paysages extraordinaires, pays montagneux
il permet au voyageur de multiples activités :
vélo, spéléo, trekking, rafting.
Le vélo est à consommer avec modération
car 1. les vélos sont chinois et lourds et 2. les
routes non goudronnées et non damées 3.
ça monte dure !! Mais cela permet de découvrir
des villages épargnés par les touristes,
à l'habitat traditionnel fait de bambous tressés
(superbe).
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Je
me suis ainsi rendu en vélo à des cascades
magnifiques. Après une route éprouvante,
tout poussiéreux, on arrive à une petite
rivière au milieu de la forêt équatorial.
On remonte cette rivière bien paisible à
bord d'une petite pirogue. Au loin un jeune garçon
pratique la pêche traditionnelle au filet, des jeunes
filles font la lessive en riant et en regardant les étrangers
d'un oeil espiègle. Enfin après ce court
voyage en pirogue mais qu'on aimerait voir durer plus
longtemps tant il est charmant et intemporel, on prend
un chemin de terre que l'on escalade. Apres une marche
sur un chemin escarpé, on découvre ces chutes
d'eau merveilleuses, dont l'eau rafraîchissante
repose de la longue route.
Rencontre aux cascades d'un groupe de citadins venus également
se rafraîchir. Is baragouinent un peu d'anglais,
et nous invitent à partager leur déjeuner
(riz gluant et saucisses de porc sucrées). On est
samedi tout le monde est détendu, rapidement le
lao-lao (alcool de riz) sort des sacs et le verre passe
de bouche en bouche. Contrairement à l'occident
on l'on boit tous ensemble, ici on boit chacun à
tour de rôle, sous le regard approbateur des autres.
Apres plusieurs verres, nous réalisons que nous
sommes venus à vélo et que de longues montées
nous attendent, nous décidons donc de prendre congés.
C'est la tête déjà un peu lourde que
nous repartons. A mi-chemin sur la route du retour, nous
traversons un village en fête et décidons
de nous y arrêter pour nous y sustenter (le riz
gluant du midi était un peu léger). A peine
avons-nous commandé notre soupe aux nouilles et
abats (seul choix au menu), que quelques villageois d'humeur
festive nous proposent de partager avec eux leur BeerLao
(la bière locale), il serait de mauvais ton de
refuser et nous voila reparti pour un tour. Le verre unique
circule de bouche en bouche et la bière coule à
flot. C'est donc la tête très lourde, le
guidon hésitant que nous regagnons enfin Luang
Prabang en soirée.
En ce qui concerne la spéléo, le Laos regorge
de grottes que l'on peut explorer avec casque, lampe frontale
et guide locale. Je suis à ce titre très
fier de moi car j'ai réussi à vaincre ma
claustrophobie légendaire et me suis retrouvé
sous terre à ramper coincé entre la terre
boueuse sous mes cotes et des rochers sur mon dos. L'air
est rare et chaud, c'est très angoissant et très
grisant en même temps.
Ma tentative de trekking a été moins heureuse.
Je voulais partir découvrir les villages des minorités
Hmong au fond des montagnes laotiennes. J'ai mobilisé
une journée à l'organisation de ce trek
pour un résultat absolument nul :
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les
agences de voyage laotiennes sont d'une incompétence
totale, elles ne savent vendre que du voyage organisé
en bus pour touristes du Nord de l'Europe à ventres
bidonnants de préférence. Devant
cette incompétence, je pars à la recherche
désespérée du fameux guide Timothée
(apparemment le seul guide de tout Luang Prabang), partit
en excursion depuis 4 jours et toujours pas revenu. L'organisation
de mon trekking est compliqué par le fait qu'officiellement
les autorités laotiennes interdisent aux touristes
de passer la nuit dans les villages. Finalement après
avoir rencontré maints guides potentiels, aucun
vraiment convaincant car soit ne parlant pas anglais,
soit visiblement incompétents, soit n'inspirant
pas confiance, je renonce au trek et me contente de faire
comme tout le monde de louer un bateau pour la journée
et de me rendre aux Pakou caves, des grottes pleines de
statues de boudas.
J'aurai pu me passer de cette visite (le seul intérêt
c'est la ballade en bateau sur le Mékong) : la
grotte est sans intérêt (j'ai vu tellement
déjà de bouddhas depuis que je suis en Asie
que je commence à saturer sur les bouddhas), mais
surtout ce qui est pitoyable, ce sont les "authentiques
villages Lao" que l'on montre aux touristes en se rendant
à Pakou. Ainsi les tours opérateurs déversent
dans ces "authentiques villages" des hordes de touristes
qui prennent en photo " une authentique femme" en "authentique
habit traditionnel" en train de piler du piment ou de
passer le riz au tamis. Ensuite, ces touristes, eux bien-authentiques,
se donnent grand plaisir à acheter des "authentiques
produits de l'artisanat local d'utilité quotidienne"
(ce qui m'étonne ce qu'il me semblait déjà
avoir vu à Bangkok sur le marché central
ces objets avec une étiquette made in Thailand).
Les Laotiens sont nouveaux sur l'échiquier du tourisme
mondial mais ils apprennent très vite. Fort heureusement,
le tourisme de masse n'en est qu'à ses balbutiements
et il suffit de parcourir quelques kilomètres à
pied ou en vélo pour quitter ces attrapes-touristes.
Prochaine étape : La Birmanie |
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