Sommaire
- les chroniques
- introduction
- carnet 1 : first exposure to asia
- carnet 2 : les routes de l'himalaya
- carnet 3 : le tigre de bengale
- carnet 4 : la route de l'inde
- carnet 5 : l'asie des rizières
- carnet 6 : aventures en birmanie
- carnet 7 : indochine
- carnet 8 : l’empire du milieu
- carnet 9 : l'empire du soleil levant.
 
Carnets sur la route d'Asie
[9] L’Empire du Soleil Levant
par Nicolas Lenoir
« Il est très stressé, il travaille trop,  le pauvre !! » disent compatissants ses collègues et amis devant le spectacle d’un cadre japonais saoul d’une soirée trop arrosée à la Sapporo et au sake. Les Japonais travaillent énormément, passent de longues heures dans les transports en commun. L’alcool est pour eux un exutoire.
 
J’avais la chance d’être hébergé à Tokyo par Guillaume qui, en parfait japonais qu’il devient davantage chaque jour, m’a réservé un excellent accueil.

Faute de temps et surtout d’argent, je n’ai passé qu’une semaine au Japon mais l’expérience n’en a pas été pour le moins fascinante. Le Japon c’est un peu l’anti-Chine, les conditions d’hygiène y sont incroyables. Par exemple, les toilettes y sont très high-tech, sur la droite du siège se trouve un tableau de commande qui permet de régler la force et la chaleur d’un jet d’eau. On est loin des toilettes chinoises !!

Le Japon c’est le pays des bonnes manières et de la courbette. On ne peut pas acheter un billet de métro ou payer une addition de restaurant sans avoir droit à nombres courbettes. Les Japonais très prévenants ne bousculent jamais, les femmes sont habillées d’une manière très sophistiquées. On croise quelques Geishas dans la rue. Le contraste est parfois saisissant de ce Japon traditionnel qui se mêle au monde moderne. Ainsi j’ai vu une femme en kimono et le visage maquillé en blanc se mêler dans la file d’attente d’un des nombreux McDonald’s. Témoignage du civisme japonais leur comportement lorsqu’ils ont un papier sale dans la main : 1-ils cherchent une poubelle 2-mais comme celles-ci sont souvent pleines ou absentes et qu’ils se refusent à jeter un papier à terre dans la rue 3-ils jettent ce papier dans les paniers des nombreux vélos garés sur les trottoirs. Hypocrisie ou civisme ?

Tokyo ne ressemble pas à ce que je m’imaginai. Ce n’est ni HongKong, ni New York mais plutôt une ville très étendue, à l’architecture moderne, composée de plusieurs centres, mais sans trop de gratte-ciel. Si je devais la comparer à une autre ville, ce serait à Los Angeles. Une caractéristique particulière très étonnante : la multiplication de distributeurs automatiques de boissons (vending machines) : on trouve de tout : des boissons chaudes ou froides, du thé, du café, des boissons énergétiques, de l’eau. A tous les coins de rues, il y a un distributeur automatique.

Pour la deuxième puissance économique mondiale, les Japonais sont peu ouverts sur le monde. La vue d’un étranger reste peu banale et surtout les Japonais parlent très mal l’anglais. Etant au Japon, je me disais que c’était un peu gonflé pour une si grande puissance économique de parler si mal l’anglais. Mais en y réfléchissant, j’ai réalisé que la majorité des gens avec qui j’avais eu des contacts sont les chauffeurs de taxi, les restaurateurs, les vendeurs de tickets de métro…finalement les touristes qui viennent en France doivent avoir la même opinion à propos du niveau d’anglais de la quatrième puissance économique mondiale. Ce n’est ni à la RATP, ni dans les taxis que le niveau d’anglais est le meilleur….

J’étais à Tokyo au moment de la Golden Week, qui est LA semaine de vacances annuelle des Japonais. A cette époque, tout le Japon se déplace à l’intérieur ou à l’étranger. C’est au retour que le taux de suicide est le plus fort devant la perspective de devoir encore travailler toute une année avant les prochaines vacances !!

Plus de 120 millions d’habitant pour 330 000 km2, soit les 2/3 de la France, inutile de préciser que le Japon, et plus encore Tokyo, est surpeuplé. Les rues sont bondées. J’ai assisté à une exposition temporaire sur le thème Picasso et les enfants, il y avait tellement de monde dans le musée d’Art Moderne que les visiteurs marchaient à la queue leu leu, se succédant seconde après seconde devant chaque tableau. Pas un resquilleur !! Pas un resquilleur dans le métro non plus.

La ville étant très étendue, les Japonais passent de longues heures dans les transports en commun (très efficaces) car ils habitent généralement loin des centres d’affaires aux loyers hors de prix -les prix sont d’ailleurs sont doute élevés car la ville s’est développée en longueur et non en hauteur-. Comme pour les Chinois, la conséquence c’est qu’on voit les Japonais dormir très souvent dans les trains, métros, bus mais pas sur leurs lieux de travail comme en Chine.

Dès la nuit tombée, Tokyo brille de mille feux, les panneaux lumineux très nombreux scintillent. New York et Time Square font pale figure à coté de Tokyo. La night live prend ses droits, les bars à sake, à bière se remplissent. Les bars ne sont pas grands, c‘est toujours le même problème du manque de place à Tokyo. 3 tabourets autour d’un zinc font un bar. De nombreux clubs ou bars sont interdits aux européens…

Les jeunes japonaises sont déconcertantes. Elles se donnent toutes rendez-vous le samedi après-midi devant un grand parc. C’est une sorte de carnaval permanent, elles se déguisent toutes en infirmières, beatniks, ou autres extravaganza. Ces jeunes avec leurs semelles compensées et leurs habits noirs gothiques se veulent anti-conformistes. Et ils pensent protester ainsi par leurs extravagances vestimentaires contre le conformisme de la société japonaise. Pourtant à tous se déguiser de même, je trouve qu’ils ont crée une nouvelle forme de conformisme.

Les boites de nuit sont également surprenantes, dans l’une d’elle, du balcon on surplombe la piste de danse. Est-ce pour prévenir les velléités  kamikazes qu’un filet a été posé au-dessus de la piste ?

Visitant un des quartiers centraux, un arrêt s’impose au Sony Building d’où je me risque à essayer la toute nouvelle PlayStation 2. Pas mal du tout. De toute façon, le Japon c’est le pays du gadget électronique : montre G-Shock avec lecteur de DVD intégré ou lecteur MP3, DVD portable à regarder dans le métro, et pleins d’autres gadgets testés sur leur marché domestique par Casio, Sharp et Sony et qui ne franchiront jamais la mer de Chine faute de marché.

Les occidentaux ne comprennent pas les Japonais. Le succès du livre Stupeurs et Tremblements le  prouve. Comment peut-on ériger une personne qui a fait un stage de 6 mois dans une entreprise japonaise en spécialiste es culture nippone ? Si ce n’est pas une preuve que l’occident ne comprend rien au Japon me disent quelques expatriés que je rencontre. Une preuve de l’incompréhension : le masque que portent les Japonais sur le visage. Contrairement à ce que je croyais, ils ne le portent pas car ils trouvent Paris ou Tokyo trop pollué mais parce qu’ils sont malades (rhume par exemple) et craignent de contaminer les autres…

C’est de bien plus d’une semaine qu’il me faudrait pour commencer à entre-apercevoir la complexité de la culture japonaise…mais mon voyage touche à sa fin et il me faut à contre-cœur y mettre un terme.

J’entreprends la route du retour via Los Angeles et New York ce qui me permettra de pouvoir dire dans les soirées mondaines cet hiver que j’ai fait le TOUR DU MONDE.

A Los Angeles, je retrouve le monde occidental, le matérialisme californiens aux antipodes de la spiritualité asiatique. Los Angeles c’est encore et toujours la capitale mondiale du paraître. Les palmiers y sont toujours aussi beau, le climat incroyable, les voitures encore plus belles (la croissance américaine est bien visible). Et surtout, les bimbos blondes décolorées aux seins siliconées n’ont pas déserté Malibu beach, les serveurs des restaurants sont toujours des acteurs qui attendent le rôle de leur vie, dans d’autres restaurants de jeunes français exilés et illégaux travaillent comme des forçats pour essayer de gagner leur part du rêve américain. « Je suis là pour gagner de la tune pas pour bronzer ou dormir » me confie Toufik, un jeune beur titulaire d’un BTS de comptabilité qui me dit mieux vivre et être davantage respecté en étant serveur à LA plutôt qu’à passer d’agence d’intérim à agences intérim comme il le faisait en France.

C’est en atterrissant à New York, que j’ai la plus grosse frayeur de mon voyage. Alors que l’avion est sur le point de se poser au sol, une bourrasque de vent nous fait partir sur le coté et c’est de justesse que le pilote évite que l’aile droite ne touche le sol. Finalement le pilote réussit à stabiliser l’appareil et nous atterrissons entier. L’émotion a été de courte durée mais assez forte pour que la cabine retentisse des cris des passagers effrayés.

New York que je retrouve avec plaisir après un an d’absence n’a guère changé : argent et réussite professionnelle y sont toujours les devises gouvernantes ce qui n’empêche pas la ville d’avoir toujours autant de caractère et de cachet. Fidel à ma tradition, au retour d’une soirée un peu trop arrosée je m’endors dans le métro et me réveille au petit matin à Jamaïca, Queens…

Tous les voyageurs passés par Roissy seront d’accord avec moi. L’arrivée à Roissy est toujours désastreuse, il y règne une confusion générale provoquée par le manque total d’organisation de la police des frontières, les bagages mettent des heures à arriver. Je ne m’étais pas préparé à cet accueil de la bureaucratie française et devant la foule qui se massait devant le seul policier de service à cette heure, devant cette cohue qui me rappelait les pires attentes dans les gares indiennes, j’avoue qu’un instant l’envie de repartir dans l’autre sens m’a effleurée…
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