Sommaire
- les chroniques
- introduction
- carnet 1 : first exposure to asia
- carnet 2 : les routes de l'himalaya
- carnet 3 : le tigre de bengale
- carnet 4 : la route de l'inde
- carnet 5 : l'asie des rizières
- carnet 6 : aventures en birmanie
- carnet 7 : indochine
- carnet 8 : l’empire du milieu
- carnet 9 : l'empire du soleil levant.
 
Carnets sur la route d'Asie
[4] La route de l'Inde
par Nicolas Lenoir
Bonne Année 2000 à tous : désolé d'avoir pris du retard dans mes carnets de route mais voila un mois que je sillonne l'Inde de long en large et les connections Internet n’y sont pas fabuleuses (les coupures d'électricité m'ont notamment déjà obligé par deux fois à retaper tout mon texte c'est très frustrant !!)
Calcutta, le 13 janvier 2000 : 26 degrés la journée, 15 degrés la nuit, ciel bleu dégagé, j'ai appris qu'il avait neige à Paris, j'avais oublié qu'on était en hiver.
En Inde, pour dire oui, on hoche la tête de droite à gauche deux ou trois fois, ce qui prête parfois à confusion pour nous autres occidentaux.
 

Executive Summary

  • Bénarès
  • Train jusqu'à Satan, puis bus jusqu'à Khajurâho
  • Voiture jusqu'à Agra, via Orcha et Gwalior
  • Bus jusqu'à Jaipur
  • Bus jusqu'à Puskar
  • Bus jusqu'à Jaisalmer
  • Train de nuit jusqu’à Jodhpur
  • Bus jusqu'à Udaipur (où une partie du film de James Bond Octopussy a été tournée)
  • Avion pour Goa
  • Train pour Bombay
  • Tain de nuit pour Aurangabad
  • Train de nuit pour Hyderabad
  • Train de nuit pour Madras
  • Bus pour Pondichéry
  • Avion pour Calcutta

A force de patience et de persévérance, j'ai finalement obtenu mon sésame pour l'Inde. Mon si précieux visa en mains, je pars finalement pour Bénarès, la cité sacrée des Hindous. Le trajet entre Katmandu et Bénarès dure soit 29 heures en bus, soit 1 heure en avion. Je débourse les 50 dollars nécessaires au billet d'avion (avec Indian Airlines, je l'ai échappé belle !). A l'immigration, l'officier tamponne rageusement mon passeport comme si quelque insecte nuisible y était caché qu'il cherchait à éliminer.

Tout le monde m'avait mis en garde : l'inde n'est pas un pays facile, les visiteurs sont souvent déçus par la pollution et l'agressivité des Indiens qui harcèlent les touristes pour leur vendre tout et son contraire. Je m'attendais à un tel choc que l'arrivée a finalement été aisée. Bien entendu, le taxi m'a escroqué, puisque au lieu de me déposer la Shanti Guest House comme je le avait lui demandé, il m'a conduit à une pale imitation, le Old Shanti Guest House et devant mes récriminations, m'a affirmé qu'il ne pouvait pas me conduire à l'original car la route était coupée pour cause d'inondations. C'était bien entendu un mensonge, mais en emmenant des clients au faux Shanti, le chauffeur de taxi empoche une commission…

L'Inde est comme tous les pays du Tiers-Monde un pays de contraste : des richesses extraordinaires cohabitent avec la plus grande pauvreté. Des Internet cafés poussent à tous les coins de rues, les journaux ne jurent que par le web et à coté de ça, l'électricité est défaillante, le téléphone très peu présent dans les foyers, et nombreux sont les sans abris qui dorment dans les rues. Ainsi a Bombay, le Los Angeles de l'Inde, aux pieds d'un superbe nouveau building d'affaires, qui n'a rien à envier aux plus beaux gratte-ciel de New York, se trouve un bidonville sinistre. Tous les matins, les cadres qui se rendent au travail doivent traverser le slum.

La pollution, le manque d'hygiène ainsi que l'extrême pauvreté sont à mon avis les plus grands problèmes de l'Inde. Le problème de la pauvreté est connu mais celui de la pollution est aussi inquiétant : les villes sont irrespirables de par la pollution automobile, les égouts de toutes les grandes villes construits par les Anglais et jamais adaptes sont sous-dimensionnes par ces villes qui ont connu une croissance exponentielle au cours de ces dernières années. Les eaux usées se mélangent aux eaux 'propres' et l'eau est ainsi toxique dans la majorité des villes, la puanteur est constante, hygiène inexistante (à Hyderabad pas un des restaurants où je ne suis allé n'avait de toilettes...)

L'Inde c'est le pays de la religion. Je ne vais pas ici détailler tous les principes de la religion hindous car d'une part je les ai mal compris et d'autre part d'autres l'ont mieux fait que moi. Je retiens simplement qu'il y a trois dieux principaux : Brahame le créateur, Shiva le destructeur et Vishnou le préserveur.

Bénarès, associée à Shiva, est une ville sainte pour les Hindous. Ils y viennent nombreux en pèlerinage se purifier dans les eaux du Gange. Les vieillards viennent y finir leurs jours afin qu'à leur mort, leurs corps soient brûlés et leurs cendres jetées dans le fleuve sacré. Une crémation au bord du Gange garantit une bonne réincarnation. Le spectacle est fascinant, à l'aube, les pèlerins se baignent dans le Gange, où un peu plus en amont les restes des corps brûlés pendant trois heures sont jetés à l'eau. Les femmes enceintes, les bébés, les morts de la lèpre, de la peste ou de piqûres de cobra ne sont pas incinérés, mais leurs cadavres jetés tels quels dans la rivière et ainsi donnés en pâture aux chiens, poissons et autres vautours. Les égouts de la ville se déversent également dans le Gange qui bien que sacré, entre les égouts et les cadavres, doit être une des rivières les plus polluées du monde. Pour un occidental, il est difficile de saisir le coté purificateur de cette eau boueuse qui charrie les cadavres. Conscientes du degré de pollution de la rivière, les autorités ont bien tenté, il y a quelques années, d'introduire des tortues carnivores pour éliminer une partie des déchets, mais la pollution est telle que même les tortues n'ont pas survécu. La pollution peut aussi avoir du bon : le virus du Choléra, qui survit 24 heures dans une eau minérale ne survit pas 4 heures dans le Gange !

La vieille ville qui longe le Gange me semble tout droit venir des temps médiévaux : ruelles étroites, constructions de pierre, échoppes de marchands, rues bondées et grouillantes d'animation. Il est facile de s'y perdre et ma boussole m'a sauvé plus d'une fois. Les vaches s'y promènent librement et contribuent largement à la saleté ambiante. Chèvres, moutons et
chiens sont également légion. Les odeurs sont très fortes : les bûchers fonctionnent 24/24 et imprègnent la ville d'une odeur de feu de bois mêlée à l'encens, utilisé en masse dans le processus de crémation. Les égouts, les déchets humains et animaux et le Gange lui-même dégagent une odeur difficilement tolérable. Mon estomac s'est d'ailleurs brutalement révolté ce matin et a bien malgré moi contribué aussi à la saleté des rues. La beauté du spectacle compense cependant largement les désagréments. Je me suis levé de très bonne heure, avant l'aube, pour pouvoir, à partir d'une barque, observer les pèlerins qui se baignent dans le Gange. C'est un spectacle fascinant d'une rare beauté.

En Inde,les sollicitations sont permanentes : Hello Sir, Taxi ? ?, ? Hello Sir, Boat ? ?, ? Hello Sir, guide ? ?…J'envisage de me faire faire un T-shirt sur mesure : ? No boat, no taxi, I am fine, thank you ! ?. Ceci dit, même si le harcèlement est permanent, il reste bon enfant et la gentillesse des Indiens le rendent pour le moment encore tolérable

Découverte du rail indien

L'Inde est un pays géant, les distances sont énormes, le train présente l'énorme avantage de proposer des conditions de voyage relativement confortables (notamment les trains de nuit) à des prix incroyables. Ainsi Bombay-Madras cela veut dire 3 fois 14 heures de train !! (je l'ai fait en
plusieurs étapes). La gare, c'est la cour des miracles : éclopés, paralysés, orphelins, infirmes, vieillards abandonnés, viennent les uns après les autres mendier quelques roupies. Donner à l'un, c'est l'assurance de se retrouver avec une horde de mendiants à ses trousses. Mais devant tant de misère humaine, il faudrait avoir un cœur de pierre pour ne pas céder.

Obtenir un billet est un travail de longue haleine car les files d'attente sont interminables et progressent très lentement. Il faut également jouer des coudes contre les Indiens resquilleurs. C'est une épreuve de patience : il faut remplir un questionnaire, précisant notamment, outre son nom et sa nationalité, le numéro du train. Une erreur et le préposé grognon renvoie au bout de la file le fautif (c'est pire que l'immigration américaine, c'est peu dire).

Les trains indiens couvrent 70.000 km de rail. C'est le deuxième réseau ferre mondial par sa taille (un bon point a ceux qui m'emailent le nom du premier réseau).

Le train est certes un peu vétuste (Il est mal isolé et les nuits sont glaciales), mais fonctionnel. Par contre, il devient vite bondé : on se retrouve alors à 5 pour des banquettes normalement prévues pour 4 et à 2 sur des couchettes individuelles. Récemment, entre Bombay et Aurangabad, dans un compartiment prévu pour 6, nous étions 15 à y dormir: 3 par terre et 2 sur chaque banquette. . Le fait être en compartiment facilite des contacts et je me retrouve rapidement à apprendre aux Indiens un de mes jeux de cartes favori. On échange également nourriture et spécialités locales (parfois très épicés).

La main gauche est impure (elle est réservée à un usage bien particulier que par décence je ne dévoilerai pas ici), pour moi gaucher il me faut toujours manger avec la main droite et être vigilant à ne pas par réflexe utiliser la gauche car ce serait sacrilège. Cela fait d'ailleurs deux mois que je mange du riz tous les jours, la viande a presque totalement disparu de mon alimentation (pas pour des raisons 'religieuses' ou ethniques' (je reste carnivore et le revendique) mais pour des raisons d'hygiène (à voir la tête des boucheries cela ne donne vraiment pas envie). Ma langue s'est tellement habituée à la nourriture épicée que j'ai mangé (oh grand luxe) un steak au poivre à Pondichéry et que je l'ai trouvé un peu fade...

A jouer et à discuter, les voyages pourtant longs passent bien vite.

J'ai eu également l'occasion de voyager dans des classes plus confortables, avec draps fournis et air conditionné ; les conditions sont royales mais les contacts avec les Indiens (plus agés, plus riches et mieux nés (high castes)) sont inexistants.

C'est au cours d'un voyage en train en discutant avec un passager que j'ai réalisé à quel point la société indienne est figée Bien qu'officiellement aboli, le système des castes régit toujours l'organisation sociale : en haut de l'échelle les Brahmanes, tout en bas les intouchables, mais dans chaque caste il y a des sous-castes : la lie ce ne sont pas les bouchers contrairement à ce que l'on croit mais les sweepers. Les balayeurs méprisés par toute la population louent leurs services pour survivre. Ainsi on voit dans les trains des gamins de 6/8 ans ramper par terre avec une malheureuse serpillière et sans beaucoup d'effet frotter le sol souillé, et baiser les pieds des passagers pour demander l'aumône. La scène révoltante pour un occidental est ici apparemment considérée comme normale.

Les brahmanes ne se marient qu'entre eux, (ce sont des mariages arrangés) et tous ceux que j'ai interrogés m'expliquent que l'on distincte facilement les brahmanes des autres : ils ont le teint plus clair, les traits plus fins, l'esprit plus vif et l'intelligence plus développé. Mélanger le sang des bramâmes avec une autre caste c'est le souiller et en perdre le statut. On n'est pas loin de la théorie nazie de la race aryenne... L'ordre social est préservé par la religion car chacun grâce aux réincarnations espère vivre une meilleure prochaine vie : ainsi un sweeper ne se révoltera pas contre sa condition mais continuera de baiser les pieds des brahmanes et à aller au temple régulièrement pour espérer renaître dans une meilleure caste. Ainsi chacun reste à sa place.

Les voyages en bus sont nettement moins exotiques, ils durent toujours bien longtemps que la durée annoncée et les soi-disant tourist express bus se transforment rapidement en omnibus bondés où nous sommes les seuls touristes. Rapidement le sol est jonché d'épluchures de cacahuètes, de mégots de cigarettes et de crachats.

Le bus permet cependant de passer dans des villages isolés hors des sentiers battus où le temps d'une pause, je découvre un monde inconnu et authentique. Je suis notamment frappé du nombre de 'saltimbanques' qui parcourent les routes et les villages de l'Inde ainsi j'ai croisé nombre de charmeurs de cobras, de montreurs d'ours, de dresseurs de singes et de montreurs de vaches savantes. C'est un moment très fort que d'assister à ces spectacles avec les enfants du village qui sont aussi terrorisés que moi par le cobra ou divertis par les singes. Les cerfs volant sont aussi particulièrement appréciés des enfants. Le ciel de l'Inde est ainsi chaque après midi tapissé de cerfs volant de mille et une couleurs vives.

J'ai parfois l'impression être le premier occidental à traverser l'Inde. Je suis dévisagé de la tête aux pieds par tous, les enfants s'approchent, me touchent et partent en courant comme si j 'étais quelque fascinant dieu vivant. Dans les lieux hautement touristiques fréquentés pas des Indiens plus aisés comme le Taj Mahal ou les forteresses du Rajasthan, il n'est pas rare que ceux -ci me demandent de bien vouloir poser avec eux sur leurs photos. De même, lorsque j'écrivais ces lignes à la gare, une armée d'Indiens s'est groupée autour de moi, fascinés, m'ont-ils dit de voir la vitesse à laquelle j'écrivais sur mon carnet.

Le passe temps favori de certains indiens semble être de chercher tous les moyens de soutirer de l'argent aux touristes : arnaques de rickshaws (taxi à trois roues), arnaques des prêtres (à Bénarès et à Pushkar)… J 'ai l'impression que pour certains rien n 'est jamais gratuit ni désintéressé : la plus simple invitation à prendre un thé, à partager un en cas cache souvent une extorsion de fonds d'un montant toujours modeste mais dont la fréquence agace (ce n'est fort heureusement pas toujours le cas et encore une fois dans les trains j'ai rencontré des gens fort sympathiques qui cherchaient à établir le contact sans arrières pensées) .

Ainsi les Bhramanes à Pushkar se précipitent sur les touristes fraîchement arrivés, et leur offrant des fleurs, leur proposent d'aller au bord du lac sacré de la ville consacré à Brahmâ (le créateur) pour les initier à une cérémonie traditionnelle et prier avec eux pour leur famille et pour un bon Karma. La proposition paraît exotique mais ce n'est qu'une arnaque grossière. Dans la prière, on ne fait que promettre une donation de plusieurs centaines de roupies, puis il faut payer le prêtre (brahmane). Me voila bientôt marqué de peinture rouge sur le front et délesté de quelques roupies.

Les arnaques des rickshaws sont permanentes, les sollicitations incessantes, c'est épuisant de marcher dans la rue et de se faire alpaguer à chaque pas. Garder dans ces conditions son calme et son sourire constitue une difficile épreuve de patience. Tous les prix sont au moins doublés pour les occidentaux et c'est toujours une longue et laborieuse discussion pour parvenir à un prix correct et même lorsque la discussion est conclue, le résultat n'est pas toujours celui escompté. On se met par exemple d'accord sur un prix de 50 roupies avec un chauffeur de taxi, celui-ci dit ok, on embarque et part puis 5 minutes plus tard s'arrête et annonce que pour aller à l'endroit convenu il faut 10 roupies de plus, et c'est souvent ainsi.

Ainsi à Jaipur, un rickshaw à vélo (comme un pousse-pousse mais à vélo) propose une visite d'une heure de la ville pour 10 roupies, il promet de nous conduire à différents sites touristiques et de nous montrer les différents quartiers, c'est encore une arnaque et de la ville nous ne voyons que les boutiques où il nous emmène l'une après l'autre en dépit de nos véhémentes protestations (il touche une commission à chaque fois qu'il emmène des touristes et plus encore quand ils achetant). Finalement nous l'abandonnons mais loin du centre touristique que nous sommes forcés de rejoindre après une longue marche : que de temps perdu !

Plus je me dirige vers l'Ouest, vers le moyen orient, plus l'influence perse et islamique est visible : mosquées et bâtiments ont dômes arrondis, croissants, grandes arches. Les habitations blanches à toits plats rappellent certains villages méditerranéens de Turquie ou de Grèce. C'est le résultat de l'influence Mughal : des seigneurs musulmans qui régnèrent sur l'Inde pendant de nombreux siècles ; c'est à l'un d'eux notamment que nous devons le Taj Mahal.

Gwalior est un fort du XV e siècle construit par un des empereurs Mughal. Les murs sont bâtis en haut de précipices qui dominent de 100m la plaine environnante. Jamais envahi, le fort est devenu au XVIII e siècle une prison dont les oubliettes en ont avalés plus d'un. Les souterrains se visitent et la descente vers les entrailles du fort est angoissante.

Les escaliers sont tortueux et le sol est de plus en plus humide. Rapidement, on ne voit plus grand chose. Je regrette de ne pas m'être équipé de ma Mag-Lite. On arrive dans une salle assez obscure au font de laquelle on devine un puits sans fond :on imagine aisément que certains ont du y finir. Nous prenons un autre escalier qui descend de manière très abrupte. On n'y voit vraiment rien et il faut avancer à tâtons en attendant que les yeux s'habituent à l'obscurité. L'escalier débouche dans une pièce très sombre. J'y fais quelques pas, elle semble immense car mes pas y raisonnent et là, soudainement, le sol se dérobe sous mes pieds. Je pousse un hurlement de peur et m'imagine déjà pitoyablement m'écraser 25 mètres plus bas et finir mon existence empalé. L'émotion, dieu merci est de courte durée et je me retrouve simplement 30 cm plus bas, vautré dans un bassin ensablé, avec pour seule séquelle, une mini écorchure au coude et le cœur battant à 200 a l'heure. Mes compagnons encore sous le choc de mon cri, me croyant englouti dans les profondeurs du fort, sont encore plus effrayés et c'est tous les trois tremblants d'émotion que nous retrouvons soulagés l'air du haut.

Contrairement à ce que certains pourraient croire, le Taj Mahal n'est pas le nom d'une chaîne de restaurants indiens bien implantée sur E 6th Street à NY. Il s'agit d'un vrai monument. Témoignage d'amour d'un sultan mégalo, inconsolable d'avoir perdu trop tôt la femme qu'il aimait, le Taj Mahal est un tombeau géant. Immense bâtiment de marbre blanc étincelant en plein soleil. Ocre au tomber du soleil et orange au lever, le Taj Mahal est une oeuvre émouvante et fascinante.

Le Rajasthan est la partie la plus à l'Ouest de l'Inde, à la frontière du Pakistan et du Désert du Thar. C'est l'Inde des Maharajas avec superbes palais et forts moyenâgeux, très bien préservés. Les Maharajas, petits barons locaux, qui n'ont pour seul mérite que celui être bien nés, vestiges lamentables d'une époque révolue, vivent encore grand train et osent se faire bâtir des palais somptueux alors qu'une partie de la population n'a pas de toit pour dormir. L'exemple du Maharaja de Jodhpur est ainsi édifiant : il s'est fait construire un palace digne des contes des 1001 nuits. Pourtant, la nuit, la gare se remplit de pauvres indigents qui n'ont pour seule fortune qu'une misérable couverture qu'ils étalent sur le sol.

J'ai passé la nuit de Noël dans le bus entre Ajmer et Jasalmer, aux portes du désert du Tar. Avant de partir (le bus partait à 23 heures), j'ai réveillonné "grassement" à Puckhar, une ville totalement végétarienne où viande et alcool sont proscrits et où le matin j'avais manqué de peu de me faire étrangler par le garçon du restaurant outré car j'avais eu le malheur de demander s’il ne faisait pas des oeufs pour déjeuner. On peut donc rêver mieux qu'un voyage en bus comme veillée de Noël mais la beauté de soleil levant sur les dunes de sable du désert endormi m'ont fait rapidement oublier l'inconfort du voyage et m'ont rappelé la magie de Noël.

Jaisalmer ressemble à ces villes fortifiées du désert marocain, forteresse imprenable, ses remparts ocres se dressent au milieu de nul part. Fort si bien défendu qu'il n'est jamais tombé, ce lieu magique nous vient du 16 siècle et à l'intérieur rien ou presque n'a changé.

Mon Jour de l’An ? Pas fantastique. Après maintes hésitations entre le passer au Rajasthan, à Goa, ou dans le Kerala, j'ai finalement opté pour Goa et c'était une erreur, Goa was certainly not 'the place to be'. J'ai trouve le lieu loin d'entre à la hauteur de sa réputation. Le site n'est pas extraordinaire, les plages sont médiocres (par contre la température de l'eau est divine). Mais le plus gros problème c'est qu'il y avait beaucoup trop d'occidentaux.

J'y suis arrivé avec mes compagnons de voyage le 29 au soir, soit bien après la majorité des gens, donc à notre arrivée tout était plein, les prix triplés. Finalement nous nous sommes retrouvés à payer 150 roupies par personne pour avoir le droit de dormir dans une sorte de hutte en bambou à même le sol avec pour seul matelas des cartons (je me suis senti clodo pour quelques jours).

D'habitude pour 150 roupies, j'ai une vrai chambre avec salle de bains (cela fait longtemps que j'ai renoncé à l'eau chaude !!). Mais cela n'était pas le problème principal...

Goa est très étendu, ce sont des plages qui se succèdent, sans réel centre. Les touristes se déplacent donc en moto d'une plage à l'autre, et le soir en moto d'un mini-village à l'autre pour voir "what is happening and where it is happening tonite ?". Goa c'est donc un défilé permanent de mobs allant et venant dans tous les sens, (bien-sur nous arrivant si tard plus de moto ou à des prix outrageux (500 par jour contre 150 d'habitude)). Moi qui rêvais d'un lieu calme pour me reposer, ce concert permanent de motos allant et venant ne me l'a pas permis. Le 31 lui-même était fidèle à cela, embouteillage géant sur les petites routes de Goa, motos serpentant les routes afin de trouver la meilleure fête, concert de klaxon, et pléthore de gaz d'échappement. J'étais sur la plage, personne n'avait la même heure alors les pétards se sont étalés pendant 10 minutes entre 23h55 et 00h05 (mais j'ai entendu que le compteur de la tour Eiffel avait défailli également!!).

Bref, vraiment rien de bien mémorable mais peut entre la raison de tout cela c'est qu'en Inde on est déjà en 2035 ??? J'essayerai de faire mieux pour le prochain millénaire...

Madras est une ville très décevante, chargée d'histoire elle n'en a gardé aucune trace contrairement à Bombay ou Calcutta. La ville est polluée, sale, une rivière croupissante et puante coule en son centre et ressemble plus à un égout géant qu'à une rivière. La ville étant sans intérêt, je me suis rendu au musée du coin, lui aussi sans intérêt sauf pour une petite salle tout au fond qui a attiré mon attention : en effet j'y ai trouvé une Marianne et un tableau miteux de Louis XIV, la salle portée le nom énigmatique : 'French Heritage'. Curieux de savoir si la présence de la France en Inde se résume à ces malheureuses reliques, je décide de me rentre à Pondichéry, à 4 heures de bus au sud de Madras.

Pondichéry est un des rares comptoirs que la France avait en Inde. La ville n'est pas bien grande et a conservé une distinctive ambiance française : de nombreux cafés dans lesquels on y mange très bien, de beaux bâtiments Bref une très bonne surprise après Madras. Un seul bémol, si la ville est si bien conservée c'est qu'un Ashram y prospère et c'est à lui que l'on doit le flux de touristes qui permettent à la petite ville de survivre. Les touristes ne viennent pas (à mon grand dam de chauviniste) apprécier les vestiges de la présence française mais apprendre le yoga et la méditation au Ashram/Secte fondée par Shri Aurobindo et 'The Mother', une illuminée d'origine française qui a perpétué son enseignement, tout un programme !!!

Calcutta la rouge, la cite de la joie, à mauvaise réputation et c'est bien exagéré. Certes la ville est polluée et sale, mais la ville a une âme et la misère n'y est pas plus marquée que dans d'autres grandes villes. Les Anglais y ont laissé de beaux bâtiments (notamment le superbe siège de la East India Company) mais ils sont en état de délabrement. La ville est aussi la seule ville d'Inde où on y trouve des rickshaw (des pousse-pousse) tirés directement par des bonhommes comme dans Tintin et le Lotus bleu. C'est très impressionnant et c'est un gagne pain pour 16,000 personnes.

Prochaine étape : la Thaïlande.

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