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Executive
Summary
-
Bénarès
- Train
jusqu'à Satan, puis bus jusqu'à Khajurâho
- Voiture
jusqu'à Agra, via Orcha et Gwalior
-
Bus jusqu'à Jaipur
-
Bus jusqu'à Puskar
-
Bus jusqu'à Jaisalmer
-
Train de nuit jusqu’à Jodhpur
-
Bus jusqu'à Udaipur (où une partie du
film de James Bond Octopussy a été tournée)
-
Avion pour Goa
-
Train pour Bombay
-
Tain de nuit pour Aurangabad
-
Train de nuit pour Hyderabad
-
Train de nuit pour Madras
-
Bus pour Pondichéry
-
Avion pour Calcutta
A
force de patience et de persévérance,
j'ai finalement obtenu mon sésame pour l'Inde.
Mon si précieux visa en mains, je pars finalement
pour Bénarès, la cité sacrée
des Hindous. Le trajet entre Katmandu et Bénarès
dure soit 29 heures en bus, soit 1 heure en avion. Je
débourse les 50 dollars nécessaires au
billet d'avion (avec Indian Airlines, je l'ai échappé
belle !). A l'immigration, l'officier tamponne rageusement
mon passeport comme si quelque insecte nuisible y était
caché qu'il cherchait à éliminer.
Tout le monde m'avait mis en garde : l'inde n'est pas
un pays facile, les visiteurs sont souvent déçus
par la pollution et l'agressivité des Indiens
qui harcèlent les touristes pour leur vendre
tout et son contraire. Je m'attendais à un tel
choc que l'arrivée a finalement été
aisée. Bien entendu, le taxi m'a escroqué,
puisque au lieu de me déposer la Shanti Guest
House comme je le avait lui demandé, il m'a conduit
à une pale imitation, le Old Shanti Guest House
et devant mes récriminations, m'a affirmé
qu'il ne pouvait pas me conduire à l'original
car la route était coupée pour cause d'inondations.
C'était bien entendu un mensonge, mais en emmenant
des clients au faux Shanti, le chauffeur de taxi empoche
une commission…
L'Inde est comme tous les pays du Tiers-Monde un pays
de contraste : des richesses extraordinaires cohabitent
avec la plus grande pauvreté. Des Internet cafés
poussent à tous les coins de rues, les journaux
ne jurent que par le web et à coté de
ça, l'électricité est défaillante,
le téléphone très peu présent
dans les foyers, et nombreux sont les sans abris qui
dorment dans les rues. Ainsi a Bombay, le Los Angeles
de l'Inde, aux pieds d'un superbe nouveau building d'affaires,
qui n'a rien à envier aux plus beaux gratte-ciel
de New York, se trouve un bidonville sinistre. Tous
les matins, les cadres qui se rendent au travail doivent
traverser le slum.
La pollution, le manque d'hygiène ainsi que l'extrême
pauvreté sont à mon avis les plus grands
problèmes de l'Inde. Le problème de la
pauvreté est connu mais celui de la pollution
est aussi inquiétant : les villes sont irrespirables
de par la pollution automobile, les égouts de
toutes les grandes villes construits par les Anglais
et jamais adaptes sont sous-dimensionnes par ces villes
qui ont connu une croissance exponentielle au cours
de ces dernières années. Les eaux usées
se mélangent aux eaux 'propres' et l'eau est
ainsi toxique dans la majorité des villes, la
puanteur est constante, hygiène inexistante (à
Hyderabad pas un des restaurants où je ne suis
allé n'avait de toilettes...)
L'Inde c'est le pays de la religion. Je ne vais pas
ici détailler tous les principes de la religion
hindous car d'une part je les ai mal compris et d'autre
part d'autres l'ont mieux fait que moi. Je retiens simplement
qu'il y a trois dieux principaux : Brahame le créateur,
Shiva le destructeur et Vishnou le préserveur.
Bénarès, associée à Shiva,
est une ville sainte pour les Hindous. Ils y viennent
nombreux en pèlerinage se purifier dans les eaux
du Gange. Les vieillards viennent y finir leurs jours
afin qu'à leur mort, leurs corps soient brûlés
et leurs cendres jetées dans le fleuve sacré.
Une crémation au bord du Gange garantit une bonne
réincarnation. Le spectacle est fascinant, à
l'aube, les pèlerins se baignent dans le Gange,
où un peu plus en amont les restes des corps
brûlés pendant trois heures sont jetés
à l'eau. Les femmes enceintes, les bébés,
les morts de la lèpre, de la peste ou de piqûres
de cobra ne sont pas incinérés, mais leurs
cadavres jetés tels quels dans la rivière
et ainsi donnés en pâture aux chiens, poissons
et autres vautours. Les égouts de la ville se
déversent également dans le Gange qui
bien que sacré, entre les égouts et les
cadavres, doit être une des rivières les
plus polluées du monde. Pour un occidental, il
est difficile de saisir le coté purificateur
de cette eau boueuse qui charrie les cadavres. Conscientes
du degré de pollution de la rivière, les
autorités ont bien tenté, il y a quelques
années, d'introduire des tortues carnivores pour
éliminer une partie des déchets, mais
la pollution est telle que même les tortues n'ont
pas survécu. La pollution peut aussi avoir du
bon : le virus du Choléra, qui survit 24 heures
dans une eau minérale ne survit pas 4 heures
dans le Gange !
La vieille ville qui longe le Gange me semble tout droit
venir des temps médiévaux : ruelles étroites,
constructions de pierre, échoppes de marchands,
rues bondées et grouillantes d'animation. Il
est facile de s'y perdre et ma boussole m'a sauvé
plus d'une fois. Les vaches s'y promènent librement
et contribuent largement à la saleté ambiante.
Chèvres, moutons et
chiens sont également légion. Les odeurs
sont très fortes : les bûchers fonctionnent
24/24 et imprègnent la ville d'une odeur de feu
de bois mêlée à l'encens, utilisé
en masse dans le processus de crémation. Les
égouts, les déchets humains et animaux
et le Gange lui-même dégagent une odeur
difficilement tolérable. Mon estomac s'est d'ailleurs
brutalement révolté ce matin et a bien
malgré moi contribué aussi à la
saleté des rues. La beauté du spectacle
compense cependant largement les désagréments.
Je me suis levé de très bonne heure, avant
l'aube, pour pouvoir, à partir d'une barque,
observer les pèlerins qui se baignent dans le
Gange. C'est un spectacle fascinant d'une rare beauté.
En Inde,les sollicitations sont permanentes : Hello
Sir, Taxi ? ?, ? Hello Sir, Boat ? ?, ? Hello Sir, guide
? ?…J'envisage de me faire faire un T-shirt sur mesure
: ? No boat, no taxi, I am fine, thank you ! ?. Ceci
dit, même si le harcèlement est permanent,
il reste bon enfant et la gentillesse des Indiens le
rendent pour le moment encore tolérable
Découverte du rail indien
L'Inde est un pays géant, les distances sont
énormes, le train présente l'énorme
avantage de proposer des conditions de voyage relativement
confortables (notamment les trains de nuit) à
des prix incroyables. Ainsi Bombay-Madras cela veut
dire 3 fois 14 heures de train !! (je l'ai fait en
plusieurs étapes). La gare, c'est la cour des
miracles : éclopés, paralysés,
orphelins, infirmes, vieillards abandonnés, viennent
les uns après les autres mendier quelques roupies.
Donner à l'un, c'est l'assurance de se retrouver
avec une horde de mendiants à ses trousses. Mais
devant tant de misère humaine, il faudrait avoir
un cœur de pierre pour ne pas céder.
Obtenir un billet est un travail de longue haleine car
les files d'attente sont interminables et progressent
très lentement. Il faut également jouer
des coudes contre les Indiens resquilleurs. C'est une
épreuve de patience : il faut remplir un questionnaire,
précisant notamment, outre son nom et sa nationalité,
le numéro du train. Une erreur et le préposé
grognon renvoie au bout de la file le fautif (c'est
pire que l'immigration américaine, c'est peu
dire).
Les trains indiens couvrent 70.000 km de rail. C'est
le deuxième réseau ferre mondial par sa
taille (un bon point a ceux qui m'emailent le nom du
premier réseau).
Le train est certes un peu vétuste (Il est mal
isolé et les nuits sont glaciales), mais fonctionnel.
Par contre, il devient vite bondé : on se retrouve
alors à 5 pour des banquettes normalement prévues
pour 4 et à 2 sur des couchettes individuelles.
Récemment, entre Bombay et Aurangabad, dans un
compartiment prévu pour 6, nous étions
15 à y dormir: 3 par terre et 2 sur chaque banquette.
. Le fait être en compartiment facilite des contacts
et je me retrouve rapidement à apprendre aux
Indiens un de mes jeux de cartes favori. On échange
également nourriture et spécialités
locales (parfois très épicés).
La main gauche est impure (elle est réservée
à un usage bien particulier que par décence
je ne dévoilerai pas ici), pour moi gaucher il
me faut toujours manger avec la main droite et être
vigilant à ne pas par réflexe utiliser
la gauche car ce serait sacrilège. Cela fait
d'ailleurs deux mois que je mange du riz tous les jours,
la viande a presque totalement disparu de mon alimentation
(pas pour des raisons 'religieuses' ou ethniques' (je
reste carnivore et le revendique) mais pour des raisons
d'hygiène (à voir la tête des boucheries
cela ne donne vraiment pas envie). Ma langue s'est tellement
habituée à la nourriture épicée
que j'ai mangé (oh grand luxe) un steak au poivre
à Pondichéry et que je l'ai trouvé
un peu fade...
A jouer et à discuter, les voyages pourtant longs
passent bien vite.
J'ai eu également l'occasion de voyager dans
des classes plus confortables, avec draps fournis et
air conditionné ; les conditions sont royales
mais les contacts avec les Indiens (plus agés,
plus riches et mieux nés (high castes)) sont
inexistants.
C'est au cours d'un voyage en train en discutant avec
un passager que j'ai réalisé à
quel point la société indienne est figée
Bien qu'officiellement aboli, le système des
castes régit toujours l'organisation sociale
: en haut de l'échelle les Brahmanes, tout en
bas les intouchables, mais dans chaque caste il y a
des sous-castes : la lie ce ne sont pas les bouchers
contrairement à ce que l'on croit mais les sweepers.
Les balayeurs méprisés par toute la population
louent leurs services pour survivre. Ainsi on voit dans
les trains des gamins de 6/8 ans ramper par terre avec
une malheureuse serpillière et sans beaucoup
d'effet frotter le sol souillé, et baiser les
pieds des passagers pour demander l'aumône. La
scène révoltante pour un occidental est
ici apparemment considérée comme normale.
Les brahmanes ne se marient qu'entre eux, (ce sont des
mariages arrangés) et tous ceux que j'ai interrogés
m'expliquent que l'on distincte facilement les brahmanes
des autres : ils ont le teint plus clair, les traits
plus fins, l'esprit plus vif et l'intelligence plus
développé. Mélanger le sang des
bramâmes avec une autre caste c'est le souiller
et en perdre le statut. On n'est pas loin de la théorie
nazie de la race aryenne... L'ordre social est préservé
par la religion car chacun grâce aux réincarnations
espère vivre une meilleure prochaine vie : ainsi
un sweeper ne se révoltera pas contre sa condition
mais continuera de baiser les pieds des brahmanes et
à aller au temple régulièrement
pour espérer renaître dans une meilleure
caste. Ainsi chacun reste à sa place.
Les voyages en bus sont nettement moins exotiques, ils
durent toujours bien longtemps que la durée annoncée
et les soi-disant tourist express bus se transforment
rapidement en omnibus bondés où nous sommes
les seuls touristes. Rapidement le sol est jonché
d'épluchures de cacahuètes, de mégots
de cigarettes et de crachats.
Le bus permet cependant de passer dans des villages
isolés hors des sentiers battus où le
temps d'une pause, je découvre un monde inconnu
et authentique. Je suis notamment frappé du nombre
de 'saltimbanques' qui parcourent les routes et les
villages de l'Inde ainsi j'ai croisé nombre de
charmeurs de cobras, de montreurs d'ours, de dresseurs
de singes et de montreurs de vaches savantes. C'est
un moment très fort que d'assister à ces
spectacles avec les enfants du village qui sont aussi
terrorisés que moi par le cobra ou divertis par
les singes. Les cerfs volant sont aussi particulièrement
appréciés des enfants. Le ciel de l'Inde
est ainsi chaque après midi tapissé de
cerfs volant de mille et une couleurs vives.
J'ai parfois l'impression être le premier occidental
à traverser l'Inde. Je suis dévisagé
de la tête aux pieds par tous, les enfants s'approchent,
me touchent et partent en courant comme si j 'étais
quelque fascinant dieu vivant. Dans les lieux hautement
touristiques fréquentés pas des Indiens
plus aisés comme le Taj Mahal ou les forteresses
du Rajasthan, il n'est pas rare que ceux -ci me demandent
de bien vouloir poser avec eux sur leurs photos. De
même, lorsque j'écrivais ces lignes à
la gare, une armée d'Indiens s'est groupée
autour de moi, fascinés, m'ont-ils dit de voir
la vitesse à laquelle j'écrivais sur mon
carnet.
Le passe temps favori de certains indiens semble être
de chercher tous les moyens de soutirer de l'argent
aux touristes : arnaques de rickshaws (taxi à
trois roues), arnaques des prêtres (à Bénarès
et à Pushkar)… J 'ai l'impression que pour certains
rien n 'est jamais gratuit ni désintéressé
: la plus simple invitation à prendre un thé,
à partager un en cas cache souvent une extorsion
de fonds d'un montant toujours modeste mais dont la
fréquence agace (ce n'est fort heureusement pas
toujours le cas et encore une fois dans les trains j'ai
rencontré des gens fort sympathiques qui cherchaient
à établir le contact sans arrières
pensées) .
Ainsi les Bhramanes à Pushkar se précipitent
sur les touristes fraîchement arrivés,
et leur offrant des fleurs, leur proposent d'aller au
bord du lac sacré de la ville consacré
à Brahmâ (le créateur) pour les
initier à une cérémonie traditionnelle
et prier avec eux pour leur famille et pour un bon Karma.
La proposition paraît exotique mais ce n'est qu'une
arnaque grossière. Dans la prière, on
ne fait que promettre une donation de plusieurs centaines
de roupies, puis il faut payer le prêtre (brahmane).
Me voila bientôt marqué de peinture rouge
sur le front et délesté de quelques roupies.
Les arnaques des rickshaws sont permanentes, les sollicitations
incessantes, c'est épuisant de marcher dans la
rue et de se faire alpaguer à chaque pas. Garder
dans ces conditions son calme et son sourire constitue
une difficile épreuve de patience. Tous les prix
sont au moins doublés pour les occidentaux et
c'est toujours une longue et laborieuse discussion pour
parvenir à un prix correct et même lorsque
la discussion est conclue, le résultat n'est
pas toujours celui escompté. On se met par exemple
d'accord sur un prix de 50 roupies avec un chauffeur
de taxi, celui-ci dit ok, on embarque et part puis 5
minutes plus tard s'arrête et annonce que pour
aller à l'endroit convenu il faut 10 roupies
de plus, et c'est souvent ainsi.
Ainsi à Jaipur, un rickshaw à vélo
(comme un pousse-pousse mais à vélo) propose
une visite d'une heure de la ville pour 10 roupies,
il promet de nous conduire à différents
sites touristiques et de nous montrer les différents
quartiers, c'est encore une arnaque et de la ville nous
ne voyons que les boutiques où il nous emmène
l'une après l'autre en dépit de nos véhémentes
protestations (il touche une commission à chaque
fois qu'il emmène des touristes et plus encore
quand ils achetant). Finalement nous l'abandonnons mais
loin du centre touristique que nous sommes forcés
de rejoindre après une longue marche : que de
temps perdu !
Plus je me dirige vers l'Ouest, vers le moyen orient,
plus l'influence perse et islamique est visible : mosquées
et bâtiments ont dômes arrondis, croissants,
grandes arches. Les habitations blanches à toits
plats rappellent certains villages méditerranéens
de Turquie ou de Grèce. C'est le résultat
de l'influence Mughal : des seigneurs musulmans qui
régnèrent sur l'Inde pendant de nombreux
siècles ; c'est à l'un d'eux notamment
que nous devons le Taj Mahal.
Gwalior est un fort du XV e siècle construit
par un des empereurs Mughal. Les murs sont bâtis
en haut de précipices qui dominent de 100m la
plaine environnante. Jamais envahi, le fort est devenu
au XVIII e siècle une prison dont les oubliettes
en ont avalés plus d'un. Les souterrains se visitent
et la descente vers les entrailles du fort est angoissante.
Les escaliers sont tortueux et le sol est de plus en
plus humide. Rapidement, on ne voit plus grand chose.
Je regrette de ne pas m'être équipé
de ma Mag-Lite. On arrive dans une salle assez obscure
au font de laquelle on devine un puits sans fond :on
imagine aisément que certains ont du y finir.
Nous prenons un autre escalier qui descend de manière
très abrupte. On n'y voit vraiment rien et il
faut avancer à tâtons en attendant que
les yeux s'habituent à l'obscurité. L'escalier
débouche dans une pièce très sombre.
J'y fais quelques pas, elle semble immense car mes pas
y raisonnent et là, soudainement, le sol se dérobe
sous mes pieds. Je pousse un hurlement de peur et m'imagine
déjà pitoyablement m'écraser 25
mètres plus bas et finir mon existence empalé.
L'émotion, dieu merci est de courte durée
et je me retrouve simplement 30 cm plus bas, vautré
dans un bassin ensablé, avec pour seule séquelle,
une mini écorchure au coude et le cœur battant
à 200 a l'heure. Mes compagnons encore sous le
choc de mon cri, me croyant englouti dans les profondeurs
du fort, sont encore plus effrayés et c'est tous
les trois tremblants d'émotion que nous retrouvons
soulagés l'air du haut.
Contrairement à ce que certains pourraient croire,
le Taj Mahal n'est pas le nom d'une chaîne de
restaurants indiens bien implantée sur E 6th
Street à NY. Il s'agit d'un vrai monument. Témoignage
d'amour d'un sultan mégalo, inconsolable d'avoir
perdu trop tôt la femme qu'il aimait, le Taj Mahal
est un tombeau géant. Immense bâtiment
de marbre blanc étincelant en plein soleil. Ocre
au tomber du soleil et orange au lever, le Taj Mahal
est une oeuvre émouvante et fascinante.
Le Rajasthan est la partie la plus à l'Ouest
de l'Inde, à la frontière du Pakistan
et du Désert du Thar. C'est l'Inde des Maharajas
avec superbes palais et forts moyenâgeux, très
bien préservés. Les Maharajas, petits
barons locaux, qui n'ont pour seul mérite que
celui être bien nés, vestiges lamentables
d'une époque révolue, vivent encore grand
train et osent se faire bâtir des palais somptueux
alors qu'une partie de la population n'a pas de toit
pour dormir. L'exemple du Maharaja de Jodhpur est ainsi
édifiant : il s'est fait construire un palace
digne des contes des 1001 nuits. Pourtant, la nuit,
la gare se remplit de pauvres indigents qui n'ont pour
seule fortune qu'une misérable couverture qu'ils
étalent sur le sol.
J'ai passé la nuit de Noël dans le bus entre
Ajmer et Jasalmer, aux portes du désert du Tar.
Avant de partir (le bus partait à 23 heures),
j'ai réveillonné "grassement" à
Puckhar, une ville totalement végétarienne
où viande et alcool sont proscrits et où
le matin j'avais manqué de peu de me faire étrangler
par le garçon du restaurant outré car
j'avais eu le malheur de demander s’il ne faisait pas
des oeufs pour déjeuner. On peut donc rêver
mieux qu'un voyage en bus comme veillée de Noël
mais la beauté de soleil levant sur les dunes
de sable du désert endormi m'ont fait rapidement
oublier l'inconfort du voyage et m'ont rappelé
la magie de Noël.
Jaisalmer ressemble à ces villes fortifiées
du désert marocain, forteresse imprenable, ses
remparts ocres se dressent au milieu de nul part. Fort
si bien défendu qu'il n'est jamais tombé,
ce lieu magique nous vient du 16 siècle et à
l'intérieur rien ou presque n'a changé.
Mon Jour de l’An ? Pas fantastique. Après maintes
hésitations entre le passer au Rajasthan, à
Goa, ou dans le Kerala, j'ai finalement opté
pour Goa et c'était une erreur, Goa was certainly
not 'the place to be'. J'ai trouve le lieu loin d'entre
à la hauteur de sa réputation. Le site
n'est pas extraordinaire, les plages sont médiocres
(par contre la température de l'eau est divine).
Mais le plus gros problème c'est qu'il y avait
beaucoup trop d'occidentaux.
J'y suis arrivé avec mes compagnons de voyage
le 29 au soir, soit bien après la majorité
des gens, donc à notre arrivée tout était
plein, les prix triplés. Finalement nous nous
sommes retrouvés à payer 150 roupies par
personne pour avoir le droit de dormir dans une sorte
de hutte en bambou à même le sol avec pour
seul matelas des cartons (je me suis senti clodo pour
quelques jours).
D'habitude pour 150 roupies, j'ai une vrai chambre avec
salle de bains (cela fait longtemps que j'ai renoncé
à l'eau chaude !!). Mais cela n'était
pas le problème principal...
Goa est très étendu, ce sont des plages
qui se succèdent, sans réel centre. Les
touristes se déplacent donc en moto d'une plage
à l'autre, et le soir en moto d'un mini-village
à l'autre pour voir "what is happening and where
it is happening tonite ?". Goa c'est donc un défilé
permanent de mobs allant et venant dans tous les sens,
(bien-sur nous arrivant si tard plus de moto ou à
des prix outrageux (500 par jour contre 150 d'habitude)).
Moi qui rêvais d'un lieu calme pour me reposer,
ce concert permanent de motos allant et venant ne me
l'a pas permis. Le 31 lui-même était fidèle
à cela, embouteillage géant sur les petites
routes de Goa, motos serpentant les routes afin de trouver
la meilleure fête, concert de klaxon, et pléthore
de gaz d'échappement. J'étais sur la plage,
personne n'avait la même heure alors les pétards
se sont étalés pendant 10 minutes entre
23h55 et 00h05 (mais j'ai entendu que le compteur de
la tour Eiffel avait défailli également!!).
Bref, vraiment rien de bien mémorable mais peut
entre la raison de tout cela c'est qu'en Inde on est
déjà en 2035 ??? J'essayerai de faire
mieux pour le prochain millénaire...
Madras est une ville très décevante, chargée
d'histoire elle n'en a gardé aucune trace contrairement
à Bombay ou Calcutta. La ville est polluée,
sale, une rivière croupissante et puante coule
en son centre et ressemble plus à un égout
géant qu'à une rivière. La ville
étant sans intérêt, je me suis rendu
au musée du coin, lui aussi sans intérêt
sauf pour une petite salle tout au fond qui a attiré
mon attention : en effet j'y ai trouvé une Marianne
et un tableau miteux de Louis XIV, la salle portée
le nom énigmatique : 'French Heritage'. Curieux
de savoir si la présence de la France en Inde
se résume à ces malheureuses reliques,
je décide de me rentre à Pondichéry,
à 4 heures de bus au sud de Madras.
Pondichéry est un des rares comptoirs que la
France avait en Inde. La ville n'est pas bien grande
et a conservé une distinctive ambiance française
: de nombreux cafés dans lesquels on y mange
très bien, de beaux bâtiments Bref une
très bonne surprise après Madras. Un seul
bémol, si la ville est si bien conservée
c'est qu'un Ashram y prospère et c'est à
lui que l'on doit le flux de touristes qui permettent
à la petite ville de survivre. Les touristes
ne viennent pas (à mon grand dam de chauviniste)
apprécier les vestiges de la présence
française mais apprendre le yoga et la méditation
au Ashram/Secte fondée par Shri Aurobindo et
'The Mother', une illuminée d'origine française
qui a perpétué son enseignement, tout
un programme !!!
Calcutta la rouge, la cite de la joie, à mauvaise
réputation et c'est bien exagéré.
Certes la ville est polluée et sale, mais la
ville a une âme et la misère n'y est pas
plus marquée que dans d'autres grandes villes.
Les Anglais y ont laissé de beaux bâtiments
(notamment le superbe siège de la East India
Company) mais ils sont en état de délabrement.
La ville est aussi la seule ville d'Inde où on
y trouve des rickshaw (des pousse-pousse) tirés
directement par des bonhommes comme dans Tintin et le
Lotus bleu. C'est très impressionnant et c'est
un gagne pain pour 16,000 personnes.
Prochaine étape : la Thaïlande.
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