Le
Corsaire II venait d'appareiller.
Nous voguions sur une mer calme, laissant derrière nous la côte pornicaise.
Ce n'est jamais sans quelque chagrin que je quitte la terre.
Qui sait quand je reviendrai ? Après tout, c'est notre seul
domicile. Elle est plus ou moins faite pour nous, quoi qu'on en
dise, et nous pour elle. C'est là que tout se passe du commencement
à la fin. Ah ! chère petite machine ronde... Que ferions-nous
si elle nous était enlevée ? Où irions-nous ? N'y a-t-il
pas déjà pas assez de clochards dans les plaines célestes ?
Je pensais confusément à cela tandis que le Corsaire
II nous emportait vers l'île de Noirmoutier. En vérité, la traversée
ne dure qu'une heure environ. On n'a donc pas le temps de prendre
des dehors de navigateur. Ce Corsaire
est un bateau minuscule et nous étions quatre-vingt personnes de
tout poil serrées là-dedans. Sans le vent du large, on eût pu se
croire encore dans le métro. Mais aucun de nous ne se rendait à
son atelier ou à son bureau, ce matin-là. Nous étions en vacances.
Le Guide bleu rappelle
bien inopportunément que c'est dans les parages que le Saint-Philibert coula en 1931, avec ses cinq cents occupants. Il me
souvint que la presse parla longuement et avec émotion de cette
catastrophe. En 1931, cinq cents morts, c'était un événement important.
Depuis lors, nous nous sommes accoutumés à voir plus grand en ce
domaine : cent mille morts ne nous font pas peur...
Il y avait des années que je n'avais mis le pied sur une
île, et je gardais des époques où j'ai été entouré d'eau une impression
d'esseulement, d'existence érémitique, quasi barbare. Les îles ne
conviennent guère à ma nature. Je m'y sens, plus qu'ailleurs, en
exil. Il me déplaît d'être sous la menace constante de quelque raz
de marée. Qui dit que l'on ne va pas partir soudain à la dérive ?
Pourquoi pas un iceberg ? Non, il me faut un terrain solide, un
pieu, une bonne chaîne...
Lorsque j'arrive en pays inconnu, mon premier souci est toujours
d'essayer de me documenter. J'eus la chance de trouver un livre
des plus instructifs : L'île de Noirmoutier, par l'abbé J. Raimond,
aumônier de la Légion d'honneur. Je fus séduit d'entrée : « Vous
êtes pressé, mon cher lecteur ? C'est bien dommage ! Vous
pensez sans doute, comme tant d'autres, qu'on peut en quelques heures
avaler à son aise la petite côtelette qu'est notre île, dont le
manche de 12 kilomètres n'offre à mettre sous la dent que des bourgades
sans relief, et dont la noix de 6 kilomètres doit faire à peine
quelques bouchées ? »
C'est au bord de la noix de l'île que je m'installai, au
bois de la Chaise, plus précisément. Et, tout doucement, je pris
des habitudes. Chaque matin, j'allai prendre un café sur une terrasse
donnant sur l'océan. Je mangeai là un de ces petits gâteaux à la
noix de coco desquels je me suis dernièrement assoté; j'en viens
aux passions de mon âge. Précisons que le gâteau à la noix de coco,
appelé aussi : rocher, n'est pas une spécialité de l'île. Je
retrouvai avec joie le journal Ouest-France,
dont je suis un lecteur fervent lorsque je me trouve dans les régions
occidentales de la France. Ce sont principalement les faits divers
locaux qui retiennent mon attention. Je fus comblé : la
veille de mon arrivée, à 15 h. 15, le feu s'était déclaré à la Guérinière,
dans la buanderie de Mme Gendron, 65 ans, qui eut les cils et les
cheveux brûlés, ainsi que de légères blessures à la face. « Nos
vœux de prompt rétablissement à Mme Gendron », écrivait mon
confrère. J'y joignis mentalement les miens.
la
fête des octogénaires
Le même jour, à 12 h. 45, une collision de voitures s'était
produite entre un automobiliste et un « vélomotoriste »
dans l'allée des Soupirs. À 13 h. 45, à l'Herbaudière, un « cyclomotoriste »
avait fait une chute « spectaculaire », un chien ayant
traversé la route devant lui. « Dégats matériels au cyclomoteur,
son propriétaire a les deux pouces démis. Fort heureusement, le
propriétaire du chien était assuré. »
Et cela continuait... À 0 h. 45, un motocycliste, cette fois,
avait « heurté avec son guidon une jeune fille circulant à
l'extrême-droite de la route. Celle-ci (?) fut projetée à terre,
atteinte d'une plaie dans la région occipitale; elle se plaignait,
en outre, de douleurs à la jambe gauche. Le motocycliste a déclaré
n'avoir pas vu la jeune fille. »
En réalité, Noirmoutier n'est une île que par intermittences.
À marée basse, on y accède à pied sec par le passage du Gois. À l'heure de la marée montante, des touristes,
par douzaines, se rassemblent sur la digue en attendant que la mer
recouvre la chaussée. « C'est une des curiosités géographiques
de la France », dit encore le Guide
bleu. En très peu de temps (un quart d'heure, paraît-il), l'eau
recouvre le passage et des bateaux naviguent alors par-dessus la
route submergée.
Un camion arriva au tout dernier moment, de l'eau jusqu'aux
moyeux. Mais cela n'était rien. Des estivants qui avaient apporté
des jumelles – des habitués, sans doute – nous firent,
seconde par seconde, la relation d'un accident que nous ne pouvions
voir à l'œil nu : à mi-chemin du passage, un vélo ou cyclomotoriste
surpris par la montée du flot, avait dû grimper sur une des trois
balises à cages en abandonnant son véhicule. C'était assez excitant.
Deux jours auparavant, ç'avait été plus terrible encore :
deux dames avaient quitté leur auto pour se réfugier sur un des
mâts de perroquet. L'une d'elles, se souvenant qu'elle avait oublié
son sac, était descendue; elle avait glissé; sa compagne s'était
portée à son aide, et toutes deux s'étaient noyées.
Il est évident que nul ne peut garantir au touriste sa double
noyade quotidienne. C'est un risque à courir : il lui faudra peut-être
retourner plusieurs fois au passage du Gois, s'il veut bénéficier
du spectacle, assurément unique en France, d'un drame de la mer
sans danger et aux moindres frais – tout au plus une paire
de jumelles.
Pour entreprendre l'exploration méthodique de l'île, il m'eût
fallu une auto, ou, à défaut, un « scooter ». N'ayant
ni l'un ni l'autre, je conçus le projet de louer une voiture à âne.
Ai-je dit que l'on fait l'élevage des ânes à Noirmoutier ?
À ce propos, mon hôtelière, une aimable dame de quatre-vingt-deux
ans, me cita, un jour, une phrase – une boutade certainement
– de Pierre l'Ermite, son chroniqueur favori : « Il
y a plus d'ânes que de chrétiens à Noirmoutier. » Cette personne
était pleine d'attentions à l'égard de ses pensionnaires. À l'heure
des repas, elle allait de table en table, et c'était chaque fois
une bonne surprise : tantôt elle nous montrait un objet
précieux, tel que la fourchette d'Henri IV, tantôt elle nous racontait
une histoire comme celle de la nuit de noces du beau gitan de l'Herbaudière
que je ne crois pas pouvoir rapporter ici; ou bien elle décrochait
Le Rêve du Marin qu'elle
nous donnait à lire. C'est un poème sous verre, qu'elle a composé
autrefois.
Là-bas, bien loin, hélas, près du pays breton
Pays des contes bleus qui bercent les enfants
Existe bien caché, doré par les ajoncs,
Un véritable éden qui charme les passants.
Ce pays enchanteur que vous livre ma muse,
C'est l'île vendéenne entourée par les eaux
La terre où mes enfants s'amusent
C'est Noirmoutier, enfin, il y fait toujours beau... |
Malheureusement, je ne puis citer cette jolie chose dans
son entier. Pour fêter son anniversaire, la patronne avait convié
tous les octogénaires de la commune : il y en avait quatre-vingt-treize
sur deux mille habitants. Ce qui tendrait à prouver que l'on vit
vieux à Noirmoutier. À la fin de la cérémonie, chaque vieillard
avait reçu un exemplaire du Rêve...
Lorsque le temps était
mauvais, elle prédisait :
- Ça va se lever avec la marée.
Parfois, elle se laissait aller à philosopher un peu :
- On a tort de plaindre les vieux, ils s'en vont sans
chagrin.
On mangeait bien chez elle : du poisson très fréquemment.
Et, à plusieurs reprises, elle nous présenta un plat que je ne connaissais
pas encore, en nous recommandant d'en faire grand cas : des
joues de raie. Progressivement, je me familiarisai avec ces joues
et, vers la fin, j'en faisais mon régal. Vais-je pouvoir trouver
des joues de raie à Paris ?
ce
que m'apprend le nain triste
Et, par un beau matin, je montai dans une carriole tirée
par un petit âne nommé Mousse. Sa robe était d'un beau gris. C'est
un nain qui tenait les rènes, un nain triste, qui ne dit pas son
nom. Ce mode de transport m'agrée tout à fait. On a sous les yeux
une campagne presque immobile. Le seul inconvénient, lorsque l'on
circule en tel équipage, est que l'on attire un peu trop le regard.
Mousse et le nain y paraissaient accoutumés. Nous longions de petits
champs de maïs ou de pommes de terre ornés de quelques meules...
Parmi cela, de temps à autre, une femme à « quichenotte »
et portant sous la jupe un singulier pantalon noir étroit, non sans
rapport avec le « collant » des danseuses – la ressemblance
n'allant pas plus loin. Mais ce qui me frappa le plus, ce sont les
marais salants et les monticules blancs de sel, les « mulons ».
On avance entre de grands miroirs horizontaux.
Des maisons basses, blanchies à la chaux, aux tuiles rondes,
prenaient un gentil air flamand.
- On les blanchit une fois par an, sauf s'il y a eu un
deuil.
C'est tout ce que m'apprit le nain au cours de notre équipée.
Il s'adressait plus volontiers à Mousse qu'à moi.
Nous rentrâmes lentement par un sentier bordé de genêts.
Le lendemain, je pris l'autocar pour
parcourir le « manche », comme on dit, dans toute sa longueur,
jusqu'à la pointe de la Fosse, à l'extrémité de l'île. De là, il
me fut agréable d'apercevoir tout près le continent : c'était
en quelque sorte rassurant.
Ce « manche » est étroit, bordé de digues. On voit
la mer à droite et à gauche. À la Guérinière, pays de l'infortunée
Mme Gendron, il y a trois moulins à vent. Oui, on se serait cru
en Flandre. Près de Barbâtre, il y en a un autre : le
moulin de la Cornière. Les ailes tournaient. Pourquoi aimons-nous
tant les moulins à vent ? Parce qu'il n'en reste presque plus,
probablement.
Le meunier m'accueillit de façon amène. Assis sur un sac,
il réparait son briquet. La mécanique marchait sans qu'il eût à
s'en occuper. La farine coulait dans un bac. Il y avait là une bonne
odeur de blé...
- Non, c'est de l'orge, me dit-il.
Peu importe. J'avais l'illusion de me trouver enfermé à l'intérieur
d'une énorme horloge. L'homme avait un visage très rouge, légèrement
saupoudré de poussière blanche comme tout ce qui l'entourait; il
était vêtu d'un bourgeron de l'armée. Par la suite, il me dit qu'il
était un gendarme en retraite. Il avait repris le moulin de son
grand-père.
- Le métier n'est pas bon.
Tout de même, c'est, à mon sens, une assez belle fin de vie
pour un gendarme, reposante et pacifique, et qui laisse le loisir
de resonger longuement à d'anciennes bravoures.
Je fis le tour des diverses plages : la plage des
Dames qui est la plus fréquentée, l'Anse Rouge où nous fîmes de
bien merveilleux châteaux de sable, la Blanche, la Claire, la Conche
des Normands, l'Anse du Cob, les Sableaux, la Côte de l'Épine qui,
une nuit de lune, me parut d'une beauté sauvage, le Vieil, un hameau
d'apparence calme; pourtant, dans la matinée, je devais lire :
« Pour éviter les formalités, une fille-mère fait
brûler dans la cheminée le cadavre de son deuxième enfant. Le Parquet
a été saisi, hier, d'une affaire particulièrement délicate. Au mois
de septembre 1954, Melle Madeleine C..., 26 ans, qui vit avec ses
deux frères célibataires au hameau du Vieil, ayant accouché à terme
d'un enfant de sexe masculin, a incinéré le corps du bébé dans la
cheminée de la maison familiale. Il paraît que ses deux frères ne
se sont aperçus de rien. Déjà mère d'une fillette de trois ans,
Melle Madeleine C... a déclaré à la gendarmerie de Noirmoutier que
l'enfant était mort-né. Étant donné le laps de temps qui s'est écoulé
depuis le sombre événement, il sera difficile de contrôler les faits;
néanmoins le Parquet retiendrait le délit de suppression d'enfant. »
le
mur mondain vous classe
Un peu partout, dans les dunes,
sur les rochers, des corps inanimés en partie nus, blancs, roses
ou cuivrés. J'eus fugitivement l'illusion de la vie édénique, avec
ce que cela comporte d'ennui.
Au petit port de l'Herbaudière, j'eus une impression toute
différente. J'y fus à l'heure du retour des bateaux de pêche, à
la marée montante, quand les poissons sont transbordés dans des
charrettes tirées par des chevaux qui avancent dans l'eau jusqu'au
poitrail. Hommes, femmes et bêtes sont au travail.
Quelques jours plus tard, je découvris les Souzeaux, la plage
des gens « bien » de l'île. Même pas la plage entière,
mais seulement un triangle de sable, à droite, contre le mur de
« La Lyre », une villa d'un type assez répandu sur notre
littoral.
C'est en ce lieu choisi, qui s'appelle tout simplement le
Mur, que l'on se retrouve tous les jours entre « copains ».
Ce Mur tient une grande place dans les préoccupations des estivants
de qualité. On ne se baigne, on ne bronze que le plus près possible
du Mur. Si l'on veut, c'est, à l'échelle des valeurs mondaines,
l'équivalent de la Butte aux Lapins, vers 1895, ou de la banquette
de gauche chez « Maxim's », aujourd'hui. Il importe,
avant toute chose, d'obtenir de l'oncle Sam, le propriétaire de
« La Lyre », l'autorisation de se dévêtir et de
se rhabiller derrière son Mur. On n'est accepté dans la gentry
noirmoutrine qu'à cette condition.
Un petit monde sympathique au demeurant, et généreux, et
bienveillant, où l'on s'octroie l'un l'autre du galon, à tout hasard.
Au Mur, un professeur est toujours agrégé, un artiste est forcément
plein de talent. Si vous n'êtes pas né quelque chose, vous devez
être (ou avoir été) extrêmement riche. À moins que vous ne soyez
le petit-neveu d'un général ou le cousin d'un académicien. On fait
toujours bon poids.
Par exemple, dès que l'on me vit paraître aux abords du Mur,
le bruit se répandit qu'un grand diplomate venait de débarquer dans
une somptueuse voiture américaine, marquée « CD ». Je
fus très flatté. Il faut dire que j'étrennais un pantalon gris perle
en toile de lin, acheté le jour de mon départ. En revanche, j'étais
coiffé d'un ridicule chapeau d'enfant en paille, pointu, à rubans
flottants. Mais on passe bien des fantaisies à un homme de la Carrière.
À partir de là, mon train de vie se trouva totalement modifié.
Je fus invité à prendre un verre chez l'un, chez l'autre. Sur les
huit heures, je dus aller tous les jours au « Saint-Pierre »,
le bar chic. Un gracieuse fillette me demanda même un autographe
pour son bel album, où je mis quelques mots hésitants après Bernard
Blier et Gérard Boutelleau. On ne m'avait jamais montré tant de
prévenances. Je fus enfin présenté à l'oncle Sam. Il ne tenait plus
qu'à moi d'aller me déshabiller derrière le Mur.
On venait me prendre en auto. Un jour qu'elle m'avait vu
descendre d'une voiture de marque anglaise, la comtesse V... (que
nous appelions : la petite V...) me dit sur un ton dépité
:
- Je sais bien que je n'ai qu'une vulgaire voiture de
série.
Par bonheur, ma randonnée dans la voiture à âne, en compagnie
du nabot, était passée inaperçue.
Le dimanche, lorsque l'île est envahie par la foule qui vient
de partout en autocar, nous nous réunissions, pour une longue bouderie,
sur un petit piton rocheux, en espérant que notre Mur fût libéré.
coup
de main audacieux
Avant de m'en aller, je tins à me rendre au bourg de Noirmoutier.
Par la Grande Rue, j'arrivai sur la place d'Armes. Quelques hôtels
du dix-huitième, peu de monde à cet instant. Cela me fit impression
de me trouver là où, en 1794, fut exécuté le chef vendéen d'Elbée,
mourant déjà, assis dans son fauteuil. Et beaucoup d'autres, après
lui. En ce lieu, la Terreur écrivit, à sa manière, une des dernières
pages de l'histoire de la guerre de Vendée.
La place est redevenue paisible, un peu morne même. Qui penserait
qu'il s'y est tenu trop longtemps une sorte de carnaval permanent ?
Les feux de salve ont cessé. Fusilleurs et fusillés sont morts.
Le vieux château est à présent un musée. La femme qui nous
guidait par de belles salles blanchies, aux murs épais, attira d'abord
notre attention sur un grand tableau représentant, je crois, l'intérieur
d'une maison de pêcheur, avec une fenêtre ouverte sur la mer. Après
nous avoir placés le dos à une cheminée, elle insista pour que nous
fermions un œil et que nous mettions la main en lorgnette devant
l'autre : la scène devient soudain saisissante, les vagues
viennent sur vous...
- C'est un effet d'optique, dit notre guide.
Puis elle nous fit admirer de la vaisselle anglaise de grand
prix et quantité de pièces curieuses à des titres divers : un
paon empaillé, des papillons de la Guyane, une amphore brisée, une
carapace de tortue de mer pesant quatre cent quatre-vint-quatorze
kilos, des œufs d'autruche... Il me sembla que tout cela ne se rattachait
pas directement à l'histoire de Noirmoutier, mais un portrait de
M. de Charrette nous y ramena. Ainsi qu'un œuf de forme étrange
rappelant celle du chiffre 6, pondu récemment par une poule de M.
le Doyen. Tout en nous instruisant, la dame essuyait les vitrines
au moyen d'un chiffon de laine. Elle nous retint encore devant des
cartes à jouer, aux figures inaccoutumées, pour nous expliquer les
règles du « jeu de la vache ». Je me souviens qu'il faut
être quatre et que l'on doit faire des grimaces, à certains moments.
Du haut de la tour du donjon, nous eûmes une large perspective
sur les alentours, les marais, les mulons comme autant de tas de
neige au soleil, la mer et quelques voiliers...
- Est-ce qu'on peut voir Paris ? me demanda le petit
garçon qui m'accompagnait.
C'est dans la nuit précédant mon départ que fut perpétré
l'audacieux coup de main contre le Mur. Quand, sur les 10 heures,
les habitués arrivèrent, ils s'aperçurent que les agrès avaient
été détruits, le filet de volley-ball déchiré : bref, ce que l'on
appelait le Mur avait été saccagé. Et, à la place même où, la veille
encore, les « copains » paraissaient, quatre individus,
tout habillés, jouaient triomphalement à la belote – à moins
que ce ne fût au jeu de la vache – sur une table pliante.
J'ignore la suite de l'affaire. Où en est actuellement la
situation à Noirmoutier ? Serait-ce, de nouveau, la Terreur
là-bas ?
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