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Les photographies sont d'Edouardo Inclan

Edouardo Inclan a 25 ans. Porté par les Arts Plastiques, ilse passionne pour le mouvement, social ou culturel, éléctronique ou ethnique. Edouardo prépare un reportage en Bolivie son pays d’origine et cherche des lieux où exposer.
 
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Femme Actuelle
 
Hier soir j’ai lâché mon séquenceur et ma boîte à beats pour une partie de foot sur la play-station de mon copain. Le rapport entre une Dj en panne d’inspiration et une footeuse virtuelle magnant du Zizou et du Thuram du bout de son joystick ?. Y’en a pas justement. J’ai seulement passé la nuit à bidouiller une manette pour optimiser mes shoots et mes passes et détruire de belle manière mon obsession pour un foutu beat qui m’échappait. Les pétards aidant, la rage a laissé place à une contemplation osée de l’écran. Je me suis endormi la manette en main. Les beats inachevés ont raisonné toute la nuit. Je me réveille souvent les yeux cernés.

Je suis Dj, revendique un avis sur tout, surtout sur les erreurs à répétition figurant sur mes fiches de paie. Je prends un café en écoutant du R&B F.M... comme tout le monde... dans un café de coin pour tout le monde.

Je suis une DJ autoproduite concentrée sur le microsillon. C’est pas un geste politique, ni une pointe d’orgueil ... encore moins un refus du commercial. Je ne suis pas foncièrement sûr de moi. .Et je ne comprends pas l’underground, puisqu’il est voué à être « on the ground », c’est à dire à faire danser des gens debout.

Je m’habille chez H&M parce que c’est commode et bon marché. Passe pas mal de temps chez les disquaires dès que mon job alimentaire me le permet et réussis à avoir une relation amoureuse stable. Les (dé)faiseurs de tendance intégristes et puristes m’ennuient. Ils voudraient que je (d’autres aussi) sois la hype, à la fois la quintessence de la nouvelle culture et son avant garde. Le leader d’opinion optimal. L’incarnation permanente d’un instant que je serai (avec d’autres) capable de partager à n’importe quel instant. Une transe ambulante télécommendable... un esthète retranché dans une cabine minuscule, souvent prise en photo courbé sur une platine, ou avec un casque énorme sur les oreilles à côté d’une diva soul.

La vérité c’est que je n’aime pas trop les genres et encore moins les revendiquer.  J’aime mon style étiqueté ou pas. Je n’ai pas le génie ou l’envie d’être la hype, le son du moment à célébrer... Une jusque boutiste alors ? Peut-être... mais pas assez conne pour sacrifier ma diversité à la tendance qui voudrait que...

Je demeure curieuse et ne crois pas trop en la compétition, à la concurrence...et leur prétendu effet euphorisant. Je ne ponds ni des beats ni des concepts tous les jours. Je ne parle pas avec nostalgie des premières raves  et des premiers ecstas (qui étaient sûrement plus forts à l’époque). Ca me préserve sûrement. .  

Mon truc à moi c’est le « mix » et la production. Catégorie moins de 55 kilos pour des créations « pressées vinyles » destinées à d’autres DJs, parce que ce sont eux qui « contrôlent » le dance floor, que ce soit en free party ou en club mais pas encore dans les supermarchés où  on achète six disques sur dix.

Je suis pas mauvaise danseuse même si j’ai la fâcheuse habitude de gueuler sur la piste. Mon truc c’est la drum n’bass boostée par une basse surpuissante, d’où mon côté rat de studio ou de discothèque (les cernes...). Quand la sauce prend une douce euphorie qui me pénètre. Dès que les ligths s’enclenchent j’ai des airs de collégienne. Mes doigts glissent copieusement sur les vinyles, les beats s’enchaînent nerveusement, les rythmes s’emmêlent généreusement et la programmation prend un sens... unique et éphémère. Transcendantale. La piste répond, vocifère, évacue. Je communique mix après mix. De curieuses silhouettes entre chien et loup semblent en réclamer plus. Patiemment je m’exécute. Une spirale jusqu’ici plaquée sur mes disques enroule le public. Ils m’écoutent. Le soulagement est à chaque fois infernal,   un peu comme si à chaque soirée réussie on m’apprenait que mon copain était dégagé des obligations militaires. Ca ressemble à une curieuse sensation de liberté, s’apparente à de beaux jours dédiée à la création, pour peu à peu structurer mon label, signer quelques artistes, multiplier les contacts avec les musiciens et mixer en club. Mais pour l’instant l’autoproduite payer au black doit encore travailler à côté. Probablement pour me persuader que l’alimentaire... c’est du provisoire. Que l’attitude, le glam c’est bon pour les manchettes tapageuses de la presse électro-rock. Que ça ne correspond pas à la vraie vie.          

Voilà, je voulais vous expliquer pourquoi j’avais arraché mes posters de Morrissey et déserté les salles de concerts pour les clubs. J’espère que vous comprenez mieux. C’est pas nécessairement une question d’ego, d’attitude, de fringues et de mode. J’aime simplement rester dans l’ombre... d’une pochette comme d’une discothèque sans aucune revendication du « bon goût ».

Dj Haroon
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