+ hommage
+ chaos debout
+ « 2001 n’est pas 2001 »
   
 
   
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

(*) En 1934, Augusto César Sandino, chef des guérilleros qui a combattu la présence américaine, fut assassiné alors qu’il participait à des négociations de paix.
Montée du Front sandiniste de libération nationale (FSLN) à partir de 1972
En juillet 1979, Anastasio Somoza fut renversé par le FSLN après des mois de révolte qui firent plus de cinquante mille morts.
Depuis 1981, les États-Unis imposèrent un embargo économique qui mit à genoux l’ensemble du pays.

 
Hommage

m Jones

Une des dernières réflexions de Joe : « Mais il faut remettre les choses dans leur contexte. A l'époque, en Angleterre, on avait le sentiment que la vieille société était en train de voler en éclats. Il y avait le couvre-feu, on se battait dans la rue contre les flics... La situation était prérévolutionnaire, on avait le sentiment que ça valait la peine de s'impliquer, que le changement était à portée de main.
Aujourd'hui, la situation est différente. L'argent a acheté la politique, c'est la "dollar-démocratie". Les politiciens, de gauche comme de droite, se foutent de nos problèmes, c'est pourquoi 60 % des gens ne votent pas
. »

Avant de débuter ma rubrique, je souhaiterais rendre un hommage à une anti-star, un certain Joe Strummer qui a clashé avec la vie dans sa cinquantième année.

Lundi 23 décembre 2002, milieu de la matinée. Mon ordinateur m’interpelle. Courrier Web. Deux phrases sans état d’âme. « Strummer est mort hier. Nos condoléances à sa femme Luce, à sa famille et ses amis »

C’est fini. Il n’a pas souhaité avoir un futur après 2002. Une anti-star notoire disparaît quand tout un chacun veut trouver la célébrité au travers le poste télé, célèbre. Espace d’un instant.

La tête pleine de souvenirs, j’écoute l’album « Sandinista ! », enregistré par les Clash en 1980. [ Soutien à la révolution nicaraguayenne de 79 (*)]. Une veille cassette achetée au début des années quatre-vingt à Londres.

Souvenirs. Fin des années 70 au début de la décennie suivante. Série d’escapades transmanches. Ce sont les années punks. Depuis 76, Joe Strummer, Mick Jones et les autres ont mis en route « The Clash ».

Envoûtement dès la première seconde lors d’un concert londonien en 1979 . Rock brutal, épidermique et rudimentaire. C'est différent. Sensation instantanée. Aucun lien de parenté avec les « Sex Pistols » même s’ils étaient génériquement punk. Un autre monde où il n’était plus question de  petits blancs gueulards aux limites de la xénophobie. C’était un « Combat rock » fait de musique politique et combattante.

Joe était politiquement provocateur. A des années-lumière de Sid Vicious qui tira sa dernière révérence avec une overdose foudroyante l’année même où Magaret Thatcher s’installa dans le fauteuil de premier ministre britannique pour une longue décennie de libéralisme de la Répression, de l’Inégalité, et de l’Injustice..

Il fallait répondre à la décrépitude d’un establishment victorien désuet et fourbe qui laissait la société britannique s’engloutir dans le chômage, la haine raciale, la pauvreté, le désespoir. Puis ce fut la nécessité impérieuse de résister au thatchérisme triomphant. Chansons politiques, mélange de désespoir et de progressisme. Exhortation à la rébellion.

Il fallait aussi en finir avec  le rêve hippie du « peace and love ». inapte pour le chaos. Place aux rebelles urbains de la génération « No Futur ». Nihiliste prémonitoire d’une génération à venir, la « génération galère ». Sans passé apparent, une génération au présent inexistant et au futur absent.

Joe Strummer était de tous les combats contre cette « Dame de Fer », mère de « Poll Tax », maîtresse des « Malouines » et ami d'un dictateur chilien zélé. De toutes les révoltes contre les inégalités, l’arbitraire, le racisme. Pour lui les frontières de la planète ne s’identifiaient aux rives de l’Île des Britanniques. Elles passaient par le Nicaragua et sa révolution, par la Jamaïque et son Reggae

Il y avait chez lui un côté d’incorruptible. Sa notoriété n’avait en rien perverti son intégrité. Il ne voulait pas être une célébrité. Être tout simplement « légendaire » parce que cela «  signifie que tout le monde connaît ce que tu as fait mais que tu es fini, alors que célèbre veut dire que tout le monde connaît ce que tu as fait, mais que tu es riche », expliquait-il en octobre 1999. Maintenant, il serait opportun de devenir une légende.

Il paraît que « Rock The Casbah » a été une des chansons les plus diffusées sur les radios pendant la « Guerre du Golfe I ». Ce sera sûrement une autre musique pour l’épisode II annoncé de ce racket pétrolier planétaire .

Il est mort à l’heure de la renaissance de Mick Jones avec son groupe rock Libertines, son alter ego guitariste et chanteur saqué en 1983 des Clash pour déviationnisme musical. Une nouvelle pirouette. Peut-être la dernière.

L’album « Sandinista ! » vient de diffuser sa dernière note. Merci

Cécile Boulay
Haut de page

Informations et commentaires à infos@chroniques-nomades.net
Copyright 1997-2003 - Chroniques Nomades