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Mexique - Contexte politique

M. Ernesto Zedillo, la candidat du PRI (Parti révolutionnaire institutionnel, au pouvoir depuis 1929), a été élu président aux élections générales d'août 1994 et a accédé au pouvoir le 1er décembre suivant. Au cours de l'élection, caractérisée par une participation sans précédent (78 %), il a obtenu environ 50 % des voix, dépassant son rival le plus proche par une marge de 20 points.

L'année 1994 a été l'une des plus mouvementées de l'histoire récente du Mexique. En effet, elle a été marquée, en janvier, par une révolte dans l'État appauvri du Chiapas, au sud-est du pays, et ensuite par l'assassinat de deux figures politiques importantes : le candidat d'alors à la présidence du PRI (Luis Donaldo Colosio) et le secrétaire du parti (José Francisco Ruiz Massieu), en mars et en septembre respectivement. Ce n'était cependant pas la fin des difficultés : à la suite d'une dévaluation maladroite effectuée quelques jours seulement après l'arrivée au pouvoir de M. Zedillo, le pays a été plongé dans une profonde crise financière.

Dans des domaines tout à fait distincts de la crise économique, le président Zedillo continue à faire face à un certain nombre de défis. Au Chiapas, en octobre 1995, après des mois d'atermoiements de la part des insurgés zapatistes (EZLN), des pourparlers de paix sérieux ont été entamés et progressent maintenant de façon satisfaisante. En effet, le 16 février 1996, un accord partiel et préliminaire a été signé dans le domaine de la culture et des droits des autochtones. Par ailleurs, dans l'État tout aussi pauvre du Guerrero, le massacre de 17 paysans par la police a encore une fois attiré l'attention sur le piètre bilan du pays en matière de droits de la personne et, en particulier, sur les abus systématiques auxquels se livre la police. Dans l'ensemble du pays, le phénomène du trafic de la drogue constitue une menace visible à la stabilité du pays, mais les autorités mexicaines ont fait un coup d'éclat en janvier 1996 en arrêtant le chef présumé du cartel du golfe, Juan Garcia Abrego.

L'opinion publique attribue à l'ancien président Carlos Salinas une grande partie des difficultés que doit surmonter M. Zedillo. D'après des rumeurs répandues, Salinas aurait passé quelque temps à Montréal, mais serait présentement en Irlande.

Malgré les défis importants devant lesquels il se trouve, M. Zedillo a, jusqu'à présent, persévéré dans la voie de la réforme politique et électorale. Au cours d'élections importantes dans les États, le parti PRI au pouvoir a élégamment cédé sa place au PAN (parti de l'action nationale). Le PAN pratique une politique de centre-droite et se trouve présentement à la tête de quatre des 32 États mexicains. Dans le cas du Chiapas, il y a eu de nombreuses frustrations, mais le président demeure apparemment résolu à négocier une solution à long terme. Il a confié le portefeuille de procureur général à un membre de l'Opposition et a, à maintes reprises, indiqué son intention de mettre fin à la corruption et aux violations des droits de la personne.

Les analystes s'entendent pour dire que la crise économique de 1994-1995 était attribuable autant aux lacunes du système politique qu'aux erreurs de jugement commises et au manque de pertinence de la stratégie économique. Par conséquent, il est essentiel de continuer à effectuer des réformes politiques si l'on veut soutenir la fragile reprise.

© Ministère des Affaires étrangères et du Commerce international,
décembre 1996