minibar

L'ÉCONOMIE MEXICAINE

RÉSUMÉ

L’économie mexicaine affiche une forte croissance depuis 5 trimestres consécutifs, et il y a de bonnes chances que cette croissance se maintienne. Le gouvernement a porté de 4 à 4,5 pour cent son objectif de croissance pour 1997. La croissance est alimentée par l’investissement et l’exportation, mais la consommation se redresse elle aussi avec la reprise de l’emploi et, à un degré moindre, avec l’évolution des salaires. Les marchés financiers ont réagi positivement, les taux d’intérêt déclinant avec l’inflation; les forts apports de capitaux ont accru les réserves internationales et maintenu la fermeté du peso. Les banques ont assaini progressivement leurs bilans, mais elles n’ont pas encore rétabli leur solidité et la demande de crédit reste faible. Comme le PRI a perdu le contrôle du Congrès fédéral à l’issue des élections de juillet, il y aura pour la première fois un véritable débat à la Chambre des députés sur le Budget fédéral pour 1998. Mais on n’attend aucune grande réorientation des politiques. Le déficit des transactions courantes, qui continuera à s’accroître, pourrait entraîner un ajustement subit du taux de change sur le moyen terme. Les projections à moyen terme du gouvernement pour les grandes variables économiques sont annexées à ce document.

CONTEXTE

Croissance : On a rapporté une croissance de 5,1 pour cent du PIB pour le premier trimestre, et le gouvernement prédit maintenant une croissance de 4,5 pour cent pour 1997; mais la plupart des prévisionnistes privés sont encore plus optimistes, prédisant une croissance de l’ordre de 5 pour cent pour 1997. L’expansion est entraînée par l’investissement et l’exportation. Le dynamisme de l’investissement s’explique par l’accroissement de l’épargne intérieure, qui a atteint l’an dernier 21 pour cent du PIB comparativement à 15 pour cent en 1994. Les exportations connaissent une solide croissance (à l’exception du secteur automobile, frappé par la faiblesse de la demande étrangère), malgré l’appréciation de la valeur réelle du peso. La poursuite de la croissance des exportations reflète les gains de productivité, qui ont progressé de 8,5 pour cent l’an dernier -- soit la plus forte augmentation en dix ans.

Conditions sociales : Les niveaux d’emploi se sont rétablis, mais la valeur réelle des salaires est encore bien en deçà des niveaux d’avant la crise. Selon les statistiques officielles, le chômage était de 3,4 pour cent en juin, soit en deçà de la moyenne pour 1994 (3,7 pour cent). La baisse du chômage se reflète aussi dans le nombre des employés enregistrés auprès de l’Institut mexicain de la sécurité sociale, nombre qui s’est accru d’un million en 1996-1997 -- venant compenser largement la perte de 800 000 travailleurs inscrits en 1995. La reprise rapide de l’emploi a été facilitée par la chute de la valeur réelle des salaires; mais les travailleurs se sentent encore nettement en plus mauvaise posture qu’avant la crise. Le salaire minimum est d’environ 20 pour cent inférieur au niveau de son pouvoir d’achat en décembre 1994 (il s’est en fait détérioré dans les dix dernières années, même si le nombre des travailleurs classés dans cette fourchette de salaires a lui aussi diminué). Les salaires conventionnels sont eux aussi encore nettement en deçà des niveaux d’avant la crise, même s’ils ont enregistré des gains nominaux moyens de 20 pour cent dans les six premiers mois de 1997; ces gains pourraient d’ailleurs expliquer en partie la reprise observée au niveau de la consommation (les ventes au détail ont progressé de 6,5 pour cent en mai).

Marchés financiers : Malgré la légère instabilité observée au début de l’année, le peso s’était apprécié de 1,4 pour cent en termes nominaux à la fin de juillet, et s’est apprécié de plus de 10 pour cent en termes réels depuis décembre dernier. Sa préoccupation devant l’appréciation du peso a amené la Banque centrale à annoncer qu’elle intensifiera, à compter d’août, les enchères qu’elle utilise pour acquérir des dollars, et que la valeur de ces enchères passera de 600 millions à 1 milliard $US par mois si la demande se maintient. Les entrées de capitaux ont porté les réserves internationales nettes à plus de 15 milliards $US en juillet, et les réserves brutes, y compris 7 milliards $US provenant du FMI, à plus de 22 milliards $US. Les taux d’intérêt ont continué à décliner graduellement, se situant en moyenne à 20,5 pour cent dans les sept premiers mois de 1997 comparativement à 34,2 pour cent pendant la même période en 1996, l’inflation ayant affiché une nette tendance à la baisse. Avec une inflation cumulée de 8,7 pour cent au premier semestre de 1997, il semble possible d’obtenir d’ici la fin de l’année un taux d’inflation de 17 pour cent -- soit seulement deux points de pourcentage de plus que l’objectif du gouvernement.

Investissement étranger : Les investissements de portefeuille ont totalisé 2,8 milliards $US au premier trimestre de 1997, et ce dynamisme s’est maintenu au deuxième trimestre. L’indice de la Bolsa a conséquemment gagné 50 pour cent dans les sept premiers mois. Les nouveaux investissements directs, toutefois, ont ralenti et n’ont totalisé que 860 millions $US au premier trimestre. Le ministère du Commerce rapporte que des investissements directs totalisant 2,1 milliards $US ont été notifiés dans les quatre premiers mois de l’année et maintient que l’objectif de 8,7 milliards $US sera atteint -- ce qui semble peu probable. Mais les investissements de portefeuille permettront un certain rattrapage au niveau de la balance des paiements.

Banques : Le secteur bancaire commence à se rétablir, quoique lentement. Au premier semestre de 1997, certaines banques commerciales ont affiché des bénéfices plus importants qu’il y a un an, malgré l’application de principes comptables plus rigoureux qui ont grossi leur portefeuille de prêts irrécouvrables. Plusieurs banques ont même accru la part de leurs réserves dans l’ensemble de leur portefeuille de prêts, la portant au delà du niveau minimal de 45 pour cent requis par les autorités. Selon les nouvelles règles comptables plus strictes, les banques ont enregistré un ratio de prêts irrécouvrables de 13 pour cent (environ 12,5 milliards $US) à la fin du premier trimestre, ce qui n’englobe pas les prêts en retard consentis par les banques ayant fait l’objet d’une intervention. La situation encore précaire des banques est compliquée par le fait que les dépôts s’accroissent fortement sans qu’il y ait reprise de la demande de crédit. Les banques se montrant plus prudentes dans l’offre de crédit, les sociétés préfèrent utiliser dans la mesure du possible leurs fonds propres comme fonds de roulement, et les personnes se montrent elles aussi réticentes à contracter de nouveaux emprunts. Les autorités mettent entre temps aux enchères les prêts irrécouvrables achetés des banques dans le cadre de l’opération de renflouement nécessitée par la crise. Par ces enchères, elles s’attendent à vendre, sur 10 ans, pour environ 40 milliards $US de prêts irrécouvrables et d’autres actifs bancaires.

Compte courant : Le Mexique a enregistré un petit déficit courant de 406 millions $US au premier trimestre de 1997. Le commerce extérieur a quand même affiché un excédent de près de 2 milliards $US pour le premier semestre de 1997; mais cela ne représente que la moitié de l’excédent enregistré au premier semestre de 1996. La croissance des importations est restée forte (22 pour cent) dans les six premiers mois; la croissance des exportations a quelque peu ralenti (15 pour cent), mais sans perdre de son dynamisme. La reprise de l’économie devrait s’accompagner d’une réduction et de l’élimination éventuelle de l’excédent commercial. C’est pourquoi le gouvernement prédit pour cette année un déficit courant de 6 milliards $US. Le financement de ce déficit ne devrait pas causer de problème sur le court terme, mais reste un risque sur le plus long terme, sauf si le peso se déprécie constamment ou que la sensibilité des importations à l’effet de la croissance s’atténue.

Politique budgétaire : Les finances publiques ont affiché un excédent de 1,1 milliard $US au premier trimestre, soit plus du double de l’excédent obtenu à la même période de l’an dernier, grâce à un accroissement réel de 7 pour cent des recettes comparativement à un accroissement de seulement 1,3 pour cent au niveau des dépenses. L’accroissement des recettes tirées des impôts sur le revenu et des taxes de vente est principalement attribuable à la reprise économique; les recettes tirées du pétrole ont aussi contribué à l’excédent. L’excédent enregistré au premier trimestre a incité les partis d’opposition -- qui détiendront ensemble la majorité au nouveau Congrès -- à réclamer une réduction de la taxe de vente. Le débat au Congrès sur le budget pour 1998 sera pour la première fois un véritable débat, et le PRI (parti au pouvoir) pourrait devoir accommoder certaines des demandes de l’opposition. Les opérations de restructuration et les paiements anticipés ont réduit la dette publique extérieure de plus de 4 milliards $US depuis décembre dernier, la ramenant à 94 milliards $US.

Réforme structurelle : Le Mexique poursuit la réforme structurelle de son économie par la privatisation et par la déréglementation de secteurs clés. La privatisation des chemins de fer, des ports et des réseaux de distribution et de transport du gaz naturel se poursuit comme prévu. Le gouvernement a aussi réalisé des progrès dans d’autres domaines, comme la publication de lignes directrices pour la vente du système par satellite, le lancement du processus de mise aux enchères de diverses fréquences radioélectriques, et l’annonce que la privatisation des aéroports commencera avant la fin de l’année. Le processus d’ouverture du service téléphonique interurbain à la concurrence est pratiquement complété, la majorité des centres urbains du Mexique bénéficiant maintenant de services concurrentiels.

Projections à moyen terme : Pour la première fois, le gouvernement mexicain a publié en juin des projections à moyen terme pour les grandes variables économiques dans le contexte du « Programme national pour le financement du développement 1997-2000 », ou PRONAFIDE. Les projections, qui sont données au tableau ci-joint, fournissent un cadre de référence utile.

© Ministère des Affaires étrangères et du Commerce international,
Août 1997