Le soulèvement zapatiste au Chiapas a commencé en janvier. Deux hommes politiques de premier plan, soit Luis Donaldo Colosio, candidat à la présidence pour le PRI (Parti révolutionnaire institutionnel), et José Francisco Ruiz Massieu, secrétaire général du PRI, ont été assassinés, respectivement en mars et en septembre. Ernesto Zedillo, qui remplaçait Colosio en tant que candidat du PRI à la présidence, a été élu en août 1994. Il a remporté environ 50 % des voix, soit 20 % de plus que son plus proche rival. Cependant, les difficultés du pays n’étaient pas terminées pour autant. Après une dévaluation spectaculaire du peso quelques jours après l’entrée en fonctions du président Zedillo, le Mexique a été plongé dans une profonde crise économique, caractérisée par une baisse de 7 % du PIB et une inflation en hausse rapide.
Le Mexique s’est vigoureusement redressé de cette profonde crise en 1994-1995. Ce revirement est dû en partie à la détermination du gouvernement mexicain de maintenir des politiques cohérentes en matière de monnaie, de fiscalité et de libéralisation du commerce. En 1965, la croissance du PIB était de 5,1 %, tandis que les taux d’inflation et d’intérêt chutaient fortement par rapport à l’année précédente. On s’attend à une croissance plus élevée pour 1997. Malgré ces améliorations économiques, le défi consiste à s’assurer que le redressement et ses avantages profitent à toute la société mexicaine.
Le président Zedillo a encouragé un certain nombre d’importantes réformes politiques et électorales. Le pouvoir judiciaire a acquis davantage d’indépendance. Pour la première fois, les nominations de juges de la Cour suprême et celle du procureur général doivent être appuyées par les deux tiers des sénateurs. La Cour suprême peut maintenant décider de la constitutionnalité de la nouvelle législation. Les réformes électorales ont abouti à la pleine autonomie de l’Institut électoral fédéral (IFE), à l’incorporation du Tribunal électoral fédéral dans le système judiciaire et à l’élection directe du chef de gouvernement du District fédéral (Mexico).
Les élections législatives de 1997 ont confirmé une tendance générale vers un échiquier politique plus pluraliste et plus représentatif. Depuis 1930 et jusqu’à très récemment, le PRI avait assumé le pouvoir au niveau fédéral, à celui des États et au niveau municipal. Aux élections de juillet 1997, les partis de l’opposition ont, pour la première fois, remporté la majorité des sièges à la Chambre des députés. Pendant les quelques premiers mois du nouveau congrès, quatre partis d’opposition ont oeuvré ensemble pour apporter des changements spectaculaires et l’indépendance au pouvoir législatif. Cauhtemoc Cardenas, le candidat du PRD (Parti révolutionnaire démocratique), de tendance centre gauche, a remporté les premières élections à la mairie de Mexico. Le PAN (Parti d’action nationale), de centre droit, a fait élire deux autres gouverneurs en plus des quatre qu’il avait fait élire auparavant.
Malgré les réussites du président Zedillo, le Mexique continue de faire face à des défis de taille. Au Chiapas, la confrontation se poursuit entre le gouvernement et l’ EZLN (les «Zapatistes »). Les négociations entre les deux parties ont tout d’abord donné lieu à un certain optimisme en février 1996 lorsqu’elles ont débouché sur un cadre de discussions futures et sur un accord spécifique en matière de droits et de culture autochtones. Cependant, il y a eu désaccord sur la façon dont l’accord serait enchassé dans la Constitution et les pourparlers sont au point mort depuis. Le conflit persiste, bien qu’il n’y ait eu aucun conflit militaire direct depuis février 1995.
Dans l’État de Guerrero, tout aussi pauvre, un massacre de 17 paysans par la police en juin 1995 a attiré l’attention sur les exactions en ce qui concerne les droits de la personne. (En juillet 1997, 28 anciens agents de police et 2 ex-fonctionnaires ont été condamnés pour avoir participé directement au massacre.) Les problèmes dans cet État ont empiré lorsque, un an plus tard, un groupe de guérilla peu connu, l’EPR (Armée populaire révolutionnaire), s’est manifesté et a lancé une série d’attaques dans le Sud du Mexique.
La criminalité est endémique dans certaines régions du Mexique, particulièrement dans le District fédéral. Les forces de police se sont avérées incapables de régler le problème. De nombreux observateurs considèrent que les services de police ont contribué au problème par leur inefficacité et leur corruption. Le gouvernement Zedillo a fait des eforts pour épurer et professionnaliser ces services. En même temps, l’Armée a été appelée à assurer un leadership et un certain nombre d’officiers ont été nommés chefs des corps de police. D’une part, les militaires sont respectés pour leur discipline, d’autre part la militarisation des forces de police suscite certaines préoccupations.
L’Armée a aussi reçu le mandat de participer à la lutte contre le trafic de stupéfiants. Le pouvoir des organisations de la drogue qui opèrent au Mexique pose une véritable menace à la société mexicaine à plusieurs égards. Le recours à l’Armée indique à quel point le gouvernement mexicain considère cette menace. Le gouvernement a aussi adopté une nouvelle législation, notamment la Loi fédérale de lutte contre le crime organisé, pour aider les organismes d’application de la loi à s’acquitter de leurs tâches. Le Mexique et les États-Unis collaborent dans la lutte contre le trafic de stupéfiants, bien que le processus américain d’accréditation continue de mécontenter le Mexique.
Le trafic de stupéfiants a été secoué par de récents événements. Amado Carillo Fuentes, personnalité clé du milieu de la drogue, est mort pendant une opération de chirurgie plastique en juillet 1997. Les saisies de stupéfiants et les efforts d’éradication s’intensifient. La confiance dans les efforts mexicains de lutte contre la drogue a été durement éprouvée, en février 1997, en raison de l’arrestation d’un haut fonctionnaire, le général Gutierrez Rebollo, soupçonné d’entretenir des rapports avec l’organisation de Carillo Fuentes. Toutefois, cet incident a aussi démontré la résolution, au plus haut niveau de l’administration mexicaine, de lutter contre le trafic de drogue partout où son influence pourrait se faire sentir.
© Ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, Août 1997 |