Paris

 

Pont d’Iéna (7e)

 

Au pied de la Tour Eiffel, des Maliens vendent des répliques miniatures du monument, achetées en gros dans une boutique située non loin du boulevard Sébastopol. Ils habitent la chambre à côté de la mienne. Ils sont six dans dix mètres carrés. Ils n’ont pas de carte de séjour. Le matin, il se réveillent à l’aube pour pouvoir utiliser le robinet des toilettes avant que les autres locataires ne soient levés. Je les croise souvent sur l’esplanade du Trocadéro. Quelquefois en coup de vent. Car, lorsque la police débarque, ils replient alors en quatrième vitesse, leur étal de fortune et prennent leurs jambes à leur cou. Un matin, l’un d’entre eux n’est pas rentré à la maison. Il s’était fait attrapé. Il avait laissé sur le trottoir son grand mouchoir couvert de tours Eiffel. Ses amis m’ont demandé d’aller récupérer son matériel car ils avaient peur que les flics ne leur tendent un piège. J’y suis allé. J’ai fait une photo en pensant à celui qui, au même instant, dormait au poste. Pour lui, la France, c’était fini.