Très tôt, les Phéniciens avaient noué des contacts, commerciaux et religieux, avec les peuples du Latium. Les contacts entre Rome et Carthage sont donc très précoces. Des traités, aux dates controversées, les jalonnent dès 509. Mais, au début du IIIe siècle, la puissance romaine qui s'affirme en Italie méridionale supporte de moins en moins les restrictions que son alliée ombrageuse lui impose en Méditerranée occidentale.

La première guerre punique dure de 264 à 241. Rome y fait l'apprentissage de la guerre maritime et remporte plusieurs succès importants.

Carthage, au terme d'un conflit ruineux, doit évacuer la Sicile, les îles voisines, et payer un lourd tribut de guerre.

oriente le dynamisme carthaginois vers l'Espagne. Sa conquête systématique permet en effet de maintenir une armée permanente, en partie recrutée chez les peuples d'Ibérie.

En 229, son gendre, Hasdrubal, lui succède et fonde peu après Carthagène, grand arsenal et capitale d'un empire carthaginois d'Occident.

Enfin, Hannibal, son fils, formé à l'école des grands hommes de guerre hellénistiques, entreprend de réduire à merci l'adversaire romain (deuxième guerre punique).

Parti d'Espagne, il conduit une armée de 70 000 hommes le long de la route côtière, la voie héracléenne, qui relie l'Espagne à l'Italie. Il bouscule tous les obstacles, rallie à lui les populations celtiques de la plaine du Pô et s'engage en Italie. Les premiers combats sont pour lui des succès foudroyants. À Cannes en Italie centrale (216), Rome perd 80 000 hommes.

Toutefois, Hannibal pâtit de la guerre d'usure dans laquelle le maintient alors le Sénat romain. Il est coupé de ses bases hispaniques ou africaines ; Scipion l'Africain reprend l'Espagne pour les Romains.

Enfin, la guerre est portée en Afrique. Carthage rappelle son général, mais il est battu à Zama (202) par son brillant adversaire, qui mérite ainsi le titre d'Africain.

La cité vaincue doit, en 201, livrer sa flotte et ses éléphants, abandonner toutes ses possessions hors d'Afrique, payer une lourde indemnité de guerre.

Elle doit accepter la tutelle romaine en politique extérieure, tandis que se constitue en Numidie un État dont le souverain, prince-client de Rome, devient pour elle un voisin dangereux. Carthage essaye toutefois de se redresser.

Elle se tourne alors vers son arrière-pays, dont elle favorise l'exploitation agricole. Elle parvient à contenir les intrigues du roi numide Massinissa. À la longue, Rome finit par s'inquiéter.

En 153, Caton l'Ancien fait au Sénat romain un rapport alarmiste sur l'ampleur du redressement carthaginois. Rome décide à nouveau la guerre ; la ville, longuement assiégée, est prise, rasée, et son emplacement maudit ; son territoire devient province romaine (146 av. J.-C.).

Carthage romaine et byzantine elle est après 44 av. J.-Cla résidence du proconsul d'Afrique, qui dirige la province, elle devient un pôle de romanisation.

À partir du milieu du IIe siècle apr. J.-C., Carthage est le centre par lequel se diffuse en Afrique la religion chrétienne.

À la fin de l'époque impériale, elle est un centre de culture classique et chrétienne

. Conquise par les Vandales en 440, elle est reprise en 535 par le général byzantin Bélisaire.

Redevenue la capitale de l'Afrique byzantine, la ville souffre toutefois des incursions berbères et ne retrouve jamais sa splendeur passée.

Elle est détruite en 698 par les envahisseurs arabes.

Hannibal
Général carthaginois (Carthage 247 - Bithynie 183 av. J.-C.), principal adversaire de Rome durant la deuxième guerre punique. Fils d'Hamilcar Barca, Hannibal appartient à la famille des Barcides, qui gouverne Carthage au IIIe siècle av. J.-C. et l'engage dans une politique de conquêtes. En 218, Hannibal lance sa cité contre Rome, qui domine l'Italie et la mer Tyrrhénienne, et déclenche la deuxième guerre punique. Parti d'Espagne, il traverse la Gaule méridionale, franchit les Alpes avec ses éléphants, entre en Italie et fait subir à l'adversaire de cuisantes défaites (La Trébie, 218 ; lac Trasimène, 217 ; Cannes, 216). Malgré l'appui de nombreuses cités italiennes, il s'épuise peu à peu car Rome évite l'affrontement direct et reconquiert patiemment l'Espagne et la Sicile. Isolé, il ramène son armée en Afrique, où il est vaincu à Zama par Scipion l'Africain (202). Privé de la confiance de sa cité, il s'exile auprès d'Antiochos III de Syrie (196), qu'il pousse contre Rome. Après la défaite d'Antiochos, il se réfugie auprès du roi de Bithynie (189), puis s'empoisonne pour ne pas être livré aux Romains.
Scipion l'Africain
Surnom d'une famille de la Rome antique, issue de la gens Cornelia. Comptant de nombreux généraux, partisans d'une politique de conquêtes et de l'hellénisme, les Scipions s'opposent fréquemment aux conservateurs. Les plus illustres d'entre eux sont Publius Cornelius Scipio, dit Scipion l'Africain, et Publius Cornelius Scipio, dit Scipion Émilien, ou le Second Africain. Scipion l'Africain (v. 235 - Liternum 183 av. J.-C.) prend part à la deuxième guerre punique contre Carthage. Nommé proconsul en Espagne en 211, il y remporte de nombreux succès et envisage même de passer de Gadès (Cadix) en Afrique. Rentré à Rome, il est élu consul en 205, puis continue en Sicile la lutte contre les Carthaginois. Du sénat, il obtient l'autorisation de débarquer en Afrique, où il renverse la situation militaire en battant Hannibal à Zama (202), ce qui lui vaut les honneurs du triomphe. Après avoir été censeur (199), Scipion est de nouveau consul en 194 et prend une part déterminante, en 190, dans la campagne contre le roi de Syrie Antiochos III. Accusé par le clan des Caton de s'être enrichi malhonnêtement à cette occasion, il se disculpe avec le soutien populaire, mais il renonce alors à affronter la classe dirigeante romaine et se retire sur les terres. Scipion Émilien (v. 185 - 129 av. J.-C.), petit-fils par adoption du précédent, prend part à la bataille de Pydna contre les Macédoniens (168), et se lie avec l'historien grec Polybe, qui l'aide à parfaire sa culture hellénique. Il réunit alors autour de lui un aréopage littéraire et philosophique qui joue un grand rôle dans la constitution de la langue latine classique. À partir de 149, il combat au siège de Carthage, et c'est lui qui, en 146, remporte la victoire finale sur la cité punique ; il est alors chargé d'organiser la province romaine d'Afrique. Puis, envoyé en Espagne, il prend Numance (d'où son autre surnom de " Numantin "), dernier bastion de la résistance des Ibères (133). Violemment opposé aux lois agraires que les Gracques ont fait adopter, il meurt assassiné.